REE – La mitsva du rachat des prisonniers

 » כִּי יִהְיֶה בְךָ אֶבְיוֹן מֵאַחַד אַחֶיךָ בְּאַחַד שְׁעָרֶיךָ בְּאַרְצְךָ אֲשֶׁר יְהֹוָה אֱלֹהֶיךָ נֹתֵן לָךְ לֹא תְאַמֵּץ אֶת לְבָבְךָ וְלֹא תִקְפֹּץ אֶת כִּי פָתֹחַ תִּפְתַּח אֶת יָדְךָ לוֹ וְהַעֲבֵט תַּעֲבִיטֶנּוּ דֵּי מַחְסֹרוֹ אֲשֶׁר יֶחְסַר לוֹ יָדְךָ מֵאָחִיךָ הָאֶבְיוֹן »

« Lorsqu'il y aura chez toi un nécessiteux parmi l'un de tes frères, dans l'une de tes villes, dans ta Terre que l'Éternel ton D.ieu te donne, tu n'endurciras pas ton cœur et tu ne fermeras pas ta main vis-à-vis de ton frère qui est nécessiteux. Car ouvrir, tu ouvriras ta main pour lui prêter, et tu lui prêteras suffisamment pour combler son manque selon ce qui lui manquera. » (דברים טו, ז) (דברים י, יב)

Le Maran Rabbi Yossef Caro  זיע »אa écrit : celui qui ferme ses yeux face à la mitsva du rachat des captifs transgresse les commandements suivants : « tu m'endurciras pas ton cœur» ; « tu ne fermeras pas ta main » ; « tu ne te tiendras pas sur le sens de ton prochain » et « il ne le dominera pas avec dureté devant tes yeux. ». Il annule également le commandement positif : « car ouvrir, tu ouvriras ta main pour lui » ainsi que « et ton frère vivra avec toi » et également « tu aimeras ton prochain comme toi-même. » (ש »ע יו »ד סימן רנב, ב)

Pourquoi la mitsva de payer la rançon d'une personne juive en captivité inclut-t-elle autant de commandements ?

Nos Sages de mémoire bénie demandent :D'où apprenons-nous que le rachat des prisonniers est une grande mitsva ? Car il est écrit : « Et il adviendra lorsqu'ils te diront : où irons-nous ? Tu leur diras : ainsi a parlé l'Eternel : que ceux qui sont destinés à la mort aillent à la mort, que ceux qui sont destinés à mourir par l'épée meurent par l'épée, et que ceux qui sont destinés à mourir de faim meurent par la faim, et que ceux qui sont destinés à la captivité aillent en captivité. » (ירמיהו טו, ב) Rabbi Yo'hanan explique que chaque fléau énoncé dans le verset est plus difficile à endurer que celui qui le précède ! En effet, la mort par l'épée est plus difficile qu'une mort naturelle tandis que la mort par la faim qui engendre une lente agonie est plus difficile que la mort par l'épée qui est plus rapide. Enfin, la captivité est pire que tout car tous les fléaux précités y sont inclus. (בבא בתרא ח:)
C'est ainsi que Maïmonide זיע »א a tranché la loi : « Il n'y a pas de plus grande mitsva que le rachat des prisonniers ! Ce devoir dépasse même celui de nourrir ou de vêtir les pauvres. Le captif est en effet perçu comme quelqu'un qui a faim et soif, qui est dépourvu de vêtements et se trouve en danger de mort. Ignorer cette mitsva, c'est transgresser plusieurs interdictions et plusieurs commandements positifs de la Torah. » (הלכות מתנות לעניים פ »ח ה »י)
Tossefot זיע »א écrit : pourtant les Sages nous rapportent également qu'il est interdit de vendre un Sefer Torah sauf si cette vente permet d'étudier la Torah ou de se marier (מגילה כז.) Mais les Sages n'ont pas mentionné le rachat d'un prisonnier ? Peut-être que ceci est d'une telle évidence que les Sages n'ont pas jugé nécessaire de le mentionner ? (תוספות מגילה כז. ד »ה פדיון)
C'est ainsi que le Maran Rabbi Yossef Caro זיע »א a tranché la loi et ajoute : « Même si la communauté rassemble de l'argent dans le but de construire une synagogue, et quand bien même ils auraient déjà acquis le bois et les pierres, bien qu'il soit interdit de les vendre pour une autre mitsva, ceci sera permis pour le besoin du rachat des prisonniers. Toutefois si la synagogue est déjà construite, on ne la vendra pas. (ש »ע יו »ד סימן רנב, א)

Quel prix la communauté doit-elle payer pour racheter des prisonniers ? Quels sont les limites fixées par nos décisionnaires ?

Il est écrit dans la Michna et le Talmud que l'on ne peut pas racheter des prisonniers pour un montant qui est supérieur à leur valeur. Ceci a été décrété dans l'intérêt de la communauté. De quel intérêt s'agit-il ? Une opinion explique qu'il s'agit d'éviter d'imposer une charge financière trop importante sur la communauté tandis qu'une autre opinion soutient que c'est dans le but d'éviter d'encourager les enlèvements. (גיטין מה.)

Rachi זיע »א explique que d'après la première opinion, si un homme riche décide de racheter des prisonniers à des montants exorbitants, cela sera permis puisque cela n'impose rien au reste de la communauté. Par contre d'après la seconde opinion cela sera interdit car cela risque d'encourager les enlèvements. (גיטין מה.)

Pourtant, il est rapporté dans un autre passage du Talmud que si une femme a été enlevée, son mari a le devoir de payer la rançon jusqu'à 10 fois sa valeur. (גיטין מה.) Dans le cas de sa propre épouse, c'est différent car l'épouse d'un homme est considérée comme lui-même et le décret des Sages ne s'applique pas à une personne qui voudrait se racheter lui-même, car comment empêcher un homme de donner toute sa fortune pour sauver sa vie de la captivité. (כתובות נב:)

L'opinion sacrée de nos décisionnaires est divergente : Maïmonide זיע »א a tranché que nous ne devons pas racheter des captifs à tout prix pour éviter d'encourager les enlèvements et ceci est aussi valable dans le cas de l'épouse qui a été kidnappée, elle ne doit pas être achetée plus que sa valeur. (הלכות מתנות לעניים פ »ח ה »יב – הלכות אישות פי »ד הי »ט) C'est également l'opinion du Rif זיע »א (הרי »ף שם דף יט) ainsi que du Rachba זיע »א. (רשב »א גיטין מה. ד »ה משום) et du Ran זיע »א. (הר »ן גיטין כג. דיבור ראשון)

Ainsi le point commun des opinions de ces piliers de la loi juive est que l'on ne fait aucune distinction entre l'épouse et le reste des prisonniers. Cependant, d'après Tossefot זיע »א et le Roch זיע »א l'épouse n'a pas le même statut que les autres prisonniers. (תוספות גיטין מה. ד »ה דלא – רא »ש שם סימן מד – כתובות נב: סימן כב)

Tossefot זיע »א et le Roch זיע »א ont également écrit que si le captif est un éminent érudit de la Torah, ou qu'il a un potentiel exceptionnel, il n'y a pas de limite à sa rançon. Tossefot ajoute qu'en temps de guerre ou autre calamité, lorsque les juifs sont kidnappés facilement, il n'y a aucune interdiction de racheter un captif à un prix élevé car cela n'aurait aucun effet sur le nombre d'enlèvements. (תוספות גיטין מה. ד »ה דלא) Dans le cas où le captif est en danger de mort, il n'y a pas non plus de limite fixée aux efforts pour le racheter. (תוספות גיטין נח. ד »ה כל ממון)

Rabbi Yossef Caro זיע »א tranche dans le Choul'han Aroukh de la façon suivante : « On ne rachètera pas les captifs pour un montant supérieur à leur valeur dans l'intérêt de la communauté, afin d'éviter d'encourager les enlèvements. Dans un cas où l'homme souhaite se racheter lui-même, il pourra le faire avec le montant qu'il souhaite. De même pour un érudit, ou même s'il n'est pas encore érudit mais qui a le potentiel d'être un grand Sage, on le rachètera même avec un grand montant.» (ש »ע יו »ד סימן רנב, ד)

En ce qui concerne l'épouse, le Maran écrit ailleurs : « On n'oblige pas le mari à racheter son épouse plus que sa valeur. » (ש »ע אה »ע סימן עח, ב) Nous déduisons de ces paroles que le tribunal rabbinique n'a pas la capacité d'obliger un mari à racheter son épouse à un montant supérieur à sa valeur mais il ne l'empêchera pas de le faire. Et c'est dans ce sens que le Rama זיע »א ajoute immédiatement aux paroles du Maran : « L'épouse étant considérée comme lui-même, il pourra la racheter avec tout ce qu'il possède. » (רמ »א אה »ע סימן עח, ב)

Lorsque plusieurs personnes sont en captivité et qu'il n'est possible de racheter qu'une partie d'entre elles, y a-t-il un ordre au rachat ?

Il est rapporté dans le Talmud que l'on devancera la sortie de prison d'une femme avant celle d'un homme, mais lorsque les deux voient leur santé se dégrader, l'homme devra être sorti avant la femme. (הוריות יג. – ירושלמי חוריות פ »ג ה »ד)
Le Mordekhi זיע »א explique que parfois on rachète l'homme avant la femme si on suspecte les ravisseurs de pratiquer l'homosexualité. (ע' בהגהות מרדכי דכתובות סימן רפח)
C'est ainsi que Rabbi Yossef Caro a tranché la loi dans le Choul'han Aroukh. (ש »ע יו »ד סימן רנב, ד) De plus, lorsqu'un individu est en captivité avec son père et avec son Rav, il sera le premier à être racheté, puis son Rav et enfin son père. Par contre si sa mère était avec eux, elle devancera tout le monde. (ש »ע יו »ד סימן רנב, ד)
Le Sifté Cohen זיע »א éminent décisionnaire et commentateur du Choul'han Aroukha écrit qu'en ce qui concerne le Rav et le père, tout dépendra du statut de ce dernier car s'il est également un érudit même moins important que son maître, il devra être racheté avant le maître. En ce qui concerne sa mère, elle devancera tout le monde pour lui éviter la faute. (ש »ך יו »ד סימן רנב ס »ק ח-ט-י)
Naturellement, un père a le devoir de racheter son fils et ainsi on aura le devoir de racheter en fonction de l'ordre de proximité des proches. (רמ »א יו »ד סימן ערנב, יב)
Cette mitsva est si grande lorsqu'elle est accomplie par un grand Juste que les lois de la nature peuvent en être bouleversées. En effet Rabbi Pin'has ben Yair était en route pour faire la mitsva du rachat d'un prisonnier, lorsqu'il arriva devant un fleuve nommé Guinai. Il parla ainsi à l'ange du fleuve : fends tes eaux pour que je puisse passer ! L'ange du fleuve lui répondit : tu te déplaces pour faire la bonté de ton Créateur, moi aussi je me déplace pour faire la volonté de mon Créateur ! Rabbi Pin'has, tu fais Sa volonté dans le doute, car peut-être ne pourras-tu pas racheter le prisonnier alors que moi, je fais déjà Sa volonté ! Le saint homme lui répondit : si tu ne te fends pas, je vais décréter que tu t'assèches pour toujours ! Le fleuve s'exécuta immédiatement. (חולין ז.)
La prière et la charité sont deux fondements qui ont accompagné le peuple juif dans tous ses exils, pour chacun d'entre nous peu importe notre niveau spirituel. Ainsi le peuple d'Israël sera délivré uniquement par le mérite de la tsédaka comme il est écrit : « Tsion sera rachetée par la justice et ses prisonniers par la tsédaka » (שבת קלט.- ישעיה א, כז)

Voici la prière écrite par le Mékoubal Rabbi Yéhouda Petaya זיע »א qui contient de nombreux noms divins dissimulés qui éveillent la miséricorde divine afin de libérer nos prisonniers :