» וַיֵּלֶךְ משֶׁה וַיְדַבֵּר אֶת הַדְּבָרִים הָאֵלֶּה אֶל כָּל יִשְׂרָאֵל וַיֹּאמֶר אֲלֵהֶם בֶּן מֵאָה וְעֶשְׂרִים שָׁנָה אָנֹכִי הַיּוֹם לֹא אוּכַל עוֹד לָצֵאת וְלָבוֹא »
« Moché alla et adressa ces paroles à tout Israël et leur dit : je suis âgé de 120 ans aujourd’hui, je ne pourrai plus aller et venir. » (דברים לא, א)
Note : puisque paracha traite du dernier jour de la vie de Moché avant que son âme se rende au jardin d’Eden, nous traiterons les premières étapes de ce sujet pour les prochaines parachiot.
Nos Sages, de mémoire bénie, nous enseignent que Moché dévoila aux enfants d’Israël qu’il s’agissait du dernier jour de sa vie et qu’il s’apprêtait à quitter ce monde. (סוטה יב:) Bien évidemment, l’âme de Moché se trouvait à la veille d’entreprendre un long parcours pour se rendre à l’endroit de son repos, au Jardin d’Éden.
Il est révélé dans le Zohar Hakadoch que tous les hommes empruntent le même chemin après leur mort. Ils doivent passer par le Caveau des patriarches où l’âme du défunt, s’il en a le mérite, sera accueillie par Adam Harichon Note, puis se rendra vers sa destination finale : le Gan Éden où le guéhinam. Les Justes seront ensuite accueillis par un ange du nom de יעזריא« ל qui est responsable d’escorter les âmes jusqu’au Jardin d’Éden. Toutefois, elles devront tout d’abord transiter par le guéhinam à l’endroit qui s’appelle Ben Hinam. (זוהר חדש סו.)
Note : Si l’homme est méritant, il rencontre Adam Harichon à l’entrée du Gan Éden. Adam ayant fait téchouva, il accueille tous ceux qui se sont repentis. (זוהר נח סה:) Le roi ‘Hizkiaou a craint de ne pas mériter son lévouch et de ne pas rencontrer Adam lorsque le prophète Isaïe lui annonça qu’il allait mourir dans les 2 mondes pour ne pas avoir réalisé le commandement de procréer. De fait, si déjà le roi ‘Hizkiaou a eu peur malgré l’immense mérite de ses illustres ancêtres (le roi David), à plus forte raison encore pour ceux qui n’en ont pas. (זוהר נח סו.)
En effet, cette notion est évoquée à plusieurs reprises dans le Zohar Hakadoch : le guéhinam contient un endroit spécial appelé Ben Hinam qui a été conçu pour recevoir les néchamot des tsadikim afin de les nettoyer et de les purifier avant d’atteindre l’entrée du Jardin d’Éden. C’est ensuite que deux anges sont envoyés depuis l’entrée du Gan Éden pour aller chercher les âmes. (זוהר ויקהל ריא:)
De plus, la Torah devance chaque néchama qui a quitté le monde, à la rencontre des gardiens du portail du Jardin d’Éden en déclarant :
« פִּתְחוּ שְׁעָרִים וְיָבֹא גוֹי צַדִּיק שֹׁמֵר אֱמֻנִים »
« Ouvrez les portes, pour que puisse entrer un peuple juste gardien de la foi. » (זוהר פנחס ריג. – ישעיה כו, ב)
Note : consultez la conclusion des 5 livres du ‘Houmach à la fin de cet ouvrage qui développe ce l’explication de ce verset sur la fin des temps.
Le Mékoubal Rabbi Moché Zakouta זיע »א explique que toutes les étincelles de l’âme du disparu se rassemblent et que son étude lui ouvre les portes. Le néfech accédera au niveau spirituel du monde Assia, le roua’h au Gan Éden inférieur tandis que la néchama accèdera au Gan Éden supérieur. Puisqu’il existe cinq rigueurs originelles, toutes reliées aux 10 sephirot, il y a donc 50 portes au total. Chaque âme est reliée à sa racine et devra franchir chacune des portes afin d’accéder à sa place. (רמ »ז על זוהר פנחס שם דף תקסב)
D’après ces enseignements, il semblerait que tout le monde soit à la même enseigne sur le chemin emprunté pour arriver jusqu’au Jardin d’Éden. Toutefois, y a-t-il des tsadikim qui ne passent pas par le guéhinam ?
Le Mékoubal, Rabbi Avraham Azoulay זיע »א a expliqué les paroles du roi David :
« גַּם כִּי אֵלֵךְ בְּגֵיא צַלְמָוֶת לֹא אִירָא רָע »
« Même si je dois me rendre dans la vallée de l’ombre de la mort, je ne craindrai aucun mal. » (תהילים כג, ד)
Le roi David avait parfaitement conscience que pour accéder au Jardin d’Éden, il est nécessaire de passer par le guéhinam, surnommé ici par allusion : « la vallée de l’ombre de la mort. » En effet, pour accéder à son entrée, nous devons en franchir la frontière extérieure, comme il est écrit :
« וַיַּשְׁכֵּן מִקֶּדֶם לְגַן עֵדֶן אֶת הַכְּרֻבִים וְאֵת לַהַט הַחֶרֶב הַמִּתְהַפֶּכֶת לִשְׁמֹר אֶת דֶּרֶךְ עֵץ הַחַיִּים »
« Il poste les chérubins avant le Jardin d’Éden, avec la lame de l’épée tournoyante pour garder le chemin de l’Arbre de la vie. » (בראשית ג, כד) Ainsi, les chérubins protègent l’entrée du Gan Éden inférieur et chacun doit emprunter ce chemin pour y accéder. (ע’ חסד לאברהם מעין ה נהר מג)
Note : Consulter les prochaines parachiot qui développent ce sujet ainsi que l’ouvrage sur le secret du Gan Éden, dans nos éditions Tsror Ha’haïm.
Rabbi Moché Kordovéro זיע »א explique que la notion de punition divine selon le langage communément admis des mortels n’est pas une vengeance, comme beaucoup de gens le pensent, mais plutôt un moyen de nettoyer et de corriger les imperfections, ce qui constitue une grande Miséricorde divine en faveur de l’auteur des transgressions. En ce sens, l’intensité de la lessive est en fonction de l’importance de la tache ! Si l’âme est parfaitement pure, aucun nettoyage n’est obligatoire et il n’y a pas de crainte à avoir. C’est dans ce sens que le roi David a déclaré :
« גַּם כִּי אֵלֵךְ בְּגֵיא צַלְמָוֶת לֹא אִירָא רָע »
« Même si je dois me rendre dans la vallée de l’ombre de la mort, je ne craindrai aucun mal. » (תהילים כג, ד)
En effet, le mal n’ayant aucune emprise sur l’âme, il n’y a aucune crainte à avoir, en aucun point ! (ע’ אור יקר דברים שער א סימן ב)
Le עמק המלך a écrit : « Lorsque le tsadik quitte ce bas-monde, sache qu’aucun d’entre eux n’est épargné de passer par le guéhinam, même si cet endroit ne lui convient pas car le guéhinam entoure le Jardin d’Éden. » (עמק המלך שער ה פרק מג)
Il ressort de ces enseignements qu’a priori il n’y a aucune distinction et que tous doivent emprunter ce chemin.
Toutefois le Gaon de Vilna זיע »א a rapporté dans son commentaire sur l’Écriture que même les tsadikim ayant atteint la perfection doivent emprunter le chemin du guéhinam pour entrer dans le Jardin d’Éden, à l’exception de celui qui a vécu l’épreuve de l’extrême indigence au cours de sa vie terrestre. (הגר »א על משלי יג, ח)
Il semblerait qu’il s’appuie sur la source du Talmud suivante : trois types de personnes ne verront pas le guéhinam : celui qui vit dans un extrême dénuement, celui qui est atteint par une maladie intestinale et celui qui est endetté vis-à-vis des autorités. Certains ajoutent celui qui a une femme méchante. (עירובין מא.) Le point commun de tous ces cas est qu’aucun d’entre eux ne peut se défaire de sa situation et se trouve constamment poursuivi, sans relâche.
Dans son commentaire sur le Talmud, le Maharcha זיע »א apporte une première explication : certes, ils seront préservés du jugement du guéhinam, en revanche, ils verront le guéhinam. Dans sa deuxième explication, il écrit que les Juifs ne vont pas au guéhinam grâce à l’intervention d’Avraham notre patriarche qui se tient à l’entrée pour les en sortir. (עירובין יט.) Toutefois, ceci s’applique à ceux qui ont commis des transgressions. Par contre, les trois cas qui ont été mentionnés plus haut en sont dispensés à cause de leurs souffrances et contrairement aux autres, ils ne verront pas le guéhinam. (ע’ מהרש »א שם ד »ה שלושה)
Les Sages du Midrach rapportent que Hakadoch Baroukh Hou a montré le guéhinam à Moché qui demanda : « Qui sont ceux que l’on juge là-bas ? » Le Maître du monde lui répondit : « Ce sont les fauteurs ! » Moché en fut effrayé et Hakadoch Baroukh Hou lui déclara : « À présent que tu as vu de tes propres yeux, tu n’y passeras pas ! » (במדבר רבה מסעי כג אות ה)
Le שם משמואל demande : pour quelle raison Moché a-t-il eu peur ? Ne savait-il pas qu’il n’irait pas au guéhinam ? Moché a eu peur de passer par le guéhinam pour se rendre au Jardin d’Éden. (שם משמואל מעסי)
En effet, cela ressemble aux dernières déclarations de Rabban Yo’hanan ben Zakaï avant de mourir : « Il y a devant moi deux chemins, l’un pour le Gan Éden, l’autre pour le guéhinam et je ne sais pas dans lequel on va me conduire ! Ne devrais-je pas pleurer ? » (עמק המלך שער ה פרק מג)
Le Gaon de Vilna זיע »א écrit dans son commentaire qu’il est évident que Rabban Yo’hanan ben Zakaï était parfaitement conscient qu’il allait au Jardin d’Éden pour retrouver sa place avec les Justes. Toutefois, il y a deux chemins pour le Gan Éden : le premier passant par le guéhinam tandis que le second est direct !
D’après ceci, il faut répondre que lorsque le Zohar Hakadoch souligne que tous les Justes doivent inévitablement passer par le guéhinam pour se rendre au Jardin d’Éden, ceci concerne la grande majorité. Cependant, certaines personnes, extrêmement rares, ne passent pas par là-bas et vont directement au Gan Éden.
Note : Il existe une similitude dans le Zohar Hakadoch à propos de la décomposition du corps des Justes après la mort. D’un côté, il est écrit que tous les Justes doivent passer par l’étape de la décomposition du corps. (זוהר אמור פח:) Toutefois, ceci concerne une grande majorité des Justes, ce qui exclut une toute petite minorité qui n’a pas besoin de la décomposition du corps pour accéder à l’endroit de son repos. (זוהר ויקהל ריד: – זוהר תרומה קנא.)
Nous pouvons nous appuyer sur un autre enseignement de nos maîtres, de mémoire bénie, qui expliquent qu’Éliezer le serviteur d’Avraham fait partie des 10 Justes qui sont entrés vivants au Gan Éden. Voici la liste de ces 10 Tsadikim :’Hanokh, Éliahou Hanavi, le Machia’h fils de David, Éliezer serviteur d’Avraham, Éved le roi de Kouch, ‘Hiram le roi de Tsour, Yaabets petit-fils de Rabbi Yéhouda Hanassi, Séra’h fille de Acher et Batia fille de Pharaon. Certains sont d’avis que Rabbi Yéhochoua Ben Lévi est entré à la place de ‘Hiram le roi de Tsour. (דרך ארץ סוף פ »א)
Note : Le Talmud relate le récit de Rabbi Yéhochoua ben Lévi qui entra vivant au Jardin d’Éden : Rabbi Yéhochoua ben Lévi était en train d’étudier lorsque l’ange de la mort vint le visiter lui demandant de se préparer car son tour était venu de mourir. Il lui demanda : « Montre-moi ma place dans le Gan Éden. » Il accepta. Il lui demanda ensuite : « Donne-moi ton épée de peur que tu t’en serves contre moi. » Il accepta. Lorsqu’ils arrivèrent au Jardin d’Éden, il sauta dans le Gan Éden. L’ange de la mort se retrouvant impuissant, Hachem demanda au Tribunal céleste, qui s’était réuni pour se concerter, de trancher : avait-t-il profané sa parole ou le moindre serment durant sa vie ? « Si c’est le cas, renvoyez-le du Gan Éden ! Sinon, acceptez-le ! » N’ayant jamais profané sa parole, il resta, vivant, dans le Jardin d’Éden. Cependant, l’ange de la mort lui demanda de lui rendre son épée mais le Juste refusa jusqu’à ce qu’une Voix céleste lui déclare qu’il devait lui rendre son épée pour le bon déroulement du monde car la mort ne frappait plus dans le monde. Il lui rendit son épée. Éliahou devançait les pas de Rabbi Yéhochoua ben Lévi en déclarant devant lui : « Faites place au fils de Lévi, faites place au fils de Lévi ! » Jusqu’à ce qu’ils arrivent à Rabbi Chimon bar Yo’haï qui était assis sur 13 trônes. Il lui demanda : « Es-tu le fils de Lévi ? » Il acquiesça. « As-tu déjà vu l’arc-en-ciel durant ta vie ? » Il acquiesça à nouveau. « S’il en est ainsi, il n’est pas convenable qu’on publie devant toi car l’arc-en-ciel est une alliance pour que le monde ne soit pas détruit et lorsqu’il y a un Juste parfait dans la génération, nous n’avons pas besoin de cette alliance ! » Cependant, il n’avait jamais vu l’arc-en-ciel et ne voulait pas en être honoré. (כתובות עז:)
Pour quelle raison les Justes doivent-ils passer par le guéhinam avant de se rendre dans le Gan Éden ?
Il y a quatre raisons établies pour lesquelles les Justes doivent emprunter cet itinéraire.
Première raison
Tous les hommes descendent au guéhinam, même celui qui n’a pas sa place là-bas. En effet, il n’y a pas de liberté pour celui qui ne connaît pas le Nom de son Maître, Hakadoch Baroukh Hou, comme il convient, ainsi qu’il est écrit : « Parce qu’il connaît Mon Nom et Je lui réponds. » (תהילים צא, יד) Cela signifie que le Maître de l’univers déclare : « Je serai avec lui dans la souffrance du guéhinam jusqu’à ce qu’il M’appelle. », c’est-à-dire jusqu’à ce qu’il connaisse Mon Nom. (זוהר חדש נז:)
Le Mékoubal Rabbi Daniel Frisch זיע »א explique dans son commentaire, en s’appuyant sur le verset : « Il n’y a pas un Juste sur la terre qui fasse le bien sans fauter. » (קהלת ז, כ) Cela signifie qu’il n’y a pas une seule bonne action qui ne soit mélangée à, ne serait-ce qu’une partie infime de mal, comme un quelconque intérêt. En d’autres termes, il s’agit d’un manque de lichma. (מתוק מדבש על זוהר שם ח »ב דף שעב)
En effet, il est précisé dans le Zohar Hakadoch que l’homme est constamment poursuivi dans ce monde par des accusateurs qui se trouvent par milliers et dizaines de milliers, déployant toutes leurs forces pour faire chuter l’homme et le faire fauter. Ces créatures ne connaissent pas le découragement car même si l’homme a tenu bon un millier de fois, ils ne s’arrêteront pas pour autant et reviendront à la charge. Même pour le faire tomber dans une faute extrêmement légère, ils ne diminueront pas leurs efforts ! Il en est de même dans les mondes supérieurs : les accusateurs portent sans arrêt des accusations contre l’homme même sur les moindres détails, les plus anodins qui soient. Ils accusent et témoignent : « Untel m’a donné telle partie de telle mitsva ! », c’est-à-dire qu’il a tiré profit de l’accomplissement d’un commandement. (זוהר בא לב:)
En effet, le Mékoubal Rabbi Emmanuel ‘Haï Riki זיע »א explique que lorsque Rabbi Chimon ben Gamliel et Rabbi Ichmaël ben Élicha fut sur le point d’être exécuté par les autorités romaines, Rabbi Chimon ben Gamliel déclara à Rabbi Ichmaël : « Je ne sais pas pourquoi je suis condamné à mort ! » Il lui répondit : « Peut-être que lorsque tu étais en train d’exposer des paroles de droit public, ton cœur s’est réjoui et ton cœur en a tiré profit. » Il répondit : « Tu m’as consolé ! » Nous apprenons d’ici que tout homme qui regrette ses mauvaises actions, réalisées en cachette, devra emprunter la voie qui consiste à réaliser des bonnes actions en cachette, sans en tirer le moindre profit ou satisfaction personnelle dans son propre cœur. Il agira ainsi dans ses actes de piété sans les considérer comme importants car s’il s’en réjouit, il reçoit une petite partie de leur récompense dans ce monde, pour la mitsva qu’il a accomplie. (ספר חסידים סימן ח)
Ainsi, le Zohar Hakadoch explique que chaque néchama est différente et ressemble aux ustensiles de Pessa’h que nous devons cachériser : certains ustensiles pourront être immergés à l’eau froide. Il s’agit des Tsadikim qui ont agi dans notre monde avec bonté et qui ont refroidi leur mauvais penchant. Ainsi, mesure pour mesure, ils seront immergés à froid et seront purs. D’autres ustensiles ont besoin d’être trempés dans de l’eau tiède pour être cachérisés. Il s’agit des gens moyens qui seront purifiés au moyen d’une chaleur tempérée car leur mauvais pensant a été tempéré. Il y a également une troisième catégorie d’ustensiles qui doivent être purifiés à l’eau bouillante. Il s’agit des impies et des méchants. La purification de chacun est donc en fonction de la vie de chacun. (זוהר בהעלותך קנג.)
Ainsi les Justes passent par le guéhinam avant de se rendre à l’entrée du Jardin d’Éden pour expier un léger manquement de perfection car ils n’ont pas accompli certaines mitsvot exclusivement au Nom du Ciel
Deuxième raison
Il est révélé dans le Zohar Hakadoch de façon explicite que les Justes passent par le guéhinam pour se rendre au Jardin d’Éden afin de s’immerger et se purifier. Ainsi, bien que ces âmes doivent passer par le guéhinam, elles en sortent immédiatement. (זוהר חדש סו.)
Il s’agit en l’occurrence d’une immersion dans le fleuve du Nahar Dinour, mentionné dans le livre de Daniel, qui permet d’extraire les dernières imperfections et les dernières emprises des klipot qui empêchent l’homme de se purifier. Il s’agit là d’une étape fondamentale pour permettre d’accéder au Jardin d’Éden. Ceci nettoie l’infime emprise de matérialité qui s’est agrippée à l’âme. (ע’ זוהר בהעלותך קנד: – זוהר פקודי רנב: – מובא שערים שער ג)
Lorsque Rabbi Yossi quitta ce monde, il mérita de vivre à nouveau par le mérite de son fils qui pria de toutes ses forces. Lorsque Rabbi Yossi se réveilla, il témoigna : « Hakadoch Baroukh Hou saisit la néchama, l’immerge dans le guéhinam et l’en ressort immédiatement pour l’amener à l’entrée du Gan Éden afin que chacun trouve sa place. Lorsque mon fils a prié pour moi, il s’est évanoui et son âme l’a quitté pour venir rencontrer la mienne, puis j’ai été extrait de cette immersion pour être présenté devant le Tribunal céleste qui m’a accordé 22 années supplémentaires de vie, par le mérite des larmes et des paroles de mon fils. » (זוהר בלק רה.)
Ainsi, les Tsadikim passent par le guéhinam avant de se rendre à l’entrée du Jardin d’Éden pour se purifier et s’élever davantage dans la sainteté, écartant définitivement l’emprise de la matière. Ceci va intensifier l’éclat et l’intensité de la lumière de l’âme qui va s’élever davantage pour atteindre le niveau d’entrée au Jardin d’Éden.
Troisième raison
Nos Sages, de mémoire bénie, nous ont enseigné que chacun possède deux parts : l’une au Jardin d’Éden et l’autre au guéhinam. (חגיגה טו.) En effet, puisque l’homme a deux penchants, un bon et un mauvais, cela permettra à l’homme de se réjouir de son avenir et de lui éviter de succomber à la tentation.
En ce sens, il est relaté que dans l’avenir, Hakadoch Baroukh Hou procèdera à l’abattage rituel du mauvais penchant devant les Justes et devant tous les impies qui pleureront les uns et les autres. Les Justes déclareront en larmes : « Comment avons-nous pu gravir une montagne aussi haute ? » tandis que les impies déclareront en larmes : « Comment n’avons-nous pas réussi à franchir un obstacle aussi facile ? » (סוכה נב.)
Il est rapporté dans le Zohar Hakadoch que tout celui qui a fait l’effort durant sa vie d’entreprendre de connaître son Créateur, avec sagesse et discernement, sera conduit après sa mort à l’endroit où se trouvent les impies au guéhinam pour assister à leur jugement. Il assistera à leurs souffrances et à leurs tourments mais il ne restera pas sur place parmi eux car, contrairement à eux, il a étudié la Torah et n’a pas ménagé ses efforts pour connaître son Créateur. Il passera donc par le guéhinam avant de se rendre au Gan Éden pour bien voir de quoi il a été préservé. (זוהר קרח קעח.)
Le Gaon de Vilna זיע »א explique que les Tsadikim s’arrêtent seulement au premier compartiment du guéhinam car il est amplement suffisant pour un Juste de prendre conscience et de trembler face à la punition céleste, afin de louer et magnifier le Créateur de l’en avoir épargné. (הגר »א על משלי כח, י)
Ainsi, les Justes transitent par le guéhinam avant de se rendre à l’entrée du Jardin d’Éden dans le but de voir la part qui aurait pu être la leur et dont ils ont été malgré tout préservés. Ceci va éveiller un sentiment de reconnaissance indescriptible envers la Miséricorde divine.
Quatrième raison
Le Zohar Hakadoch demande pour quelle raison les Tsadikim doivent passer par le guéhinam ? Les Justes y transitent afin de récupérer des âmes d’impies et les sortir de là-bas. Pourtant, nous savons que les impies ne peuvent pas sortir du guéhinam ! Ceux qui ne se sont pas repentis ne peuvent pas sortir, par contre, il s’agit de ceux qui ont pensé à se repentir mais n’ont pas pu concrétiser leurs bonnes intentions. Les Justes passent donc par le guéhinam pour les en extraire. (זוהר קרח קעח.)
Par ailleurs, un autre enseignement de Rabbi Chimon bar Yo’haï explique davantage ce sujet. Parfois, l’homme peut quitter le monde prématurément, durant sa jeunesse, sans avoir eu le temps de se repentir alors qu’il y avait songé. Ainsi, les Tsadikim qui se rendent au guéhinam pour leur permettre d’en sortir. (זוהר קרח קעח.)
Le Gaon de Vilna זיע »א précise d’ailleurs que même les Justes qui vont libérer des hommes du guéhinam doivent avoir de grands mérites pour ne pas subir eux-mêmes de dommages, ce qui va dans le sens de l’enseignement de nos maîtres : « Celui qui lit le Chéma Israël avec précision et concentration dans les lettres, on lui refroidira le guéhinam. » (אבן שלמה סימן קלו – ברכות טו:)
D’autre part, le Gaon de Vilna זיע »א ajoute qu’il peut s’agir également de l’âme d’un méchant qui a achevé son temps au guéhinam mais qui n’a pas la force ni la capacité de sortir de là-bas par lui-même, si ce n’est par l’intermédiaire d’un Juste. Ainsi par exemple, celui qui a été méchant vis-à-vis de son prochain ne pourra pas remonter seul du guéhinam mais seulement avec l’aide d’un tsadik. (הגר »א על משלי יד, יט)
Ainsi, nous apprenons de ces enseignements que les Justes transitent par le guéhinam dans le but de sortir les âmes et les étincelles de sainteté qui y sont prisonnières et ne sont pas en mesure de s’en extraire sans l’aide du Juste.
Note : Consulter le drouch suivant qui développe cette quatrième raison qui est essentielle et contient de multiples enseignements.
Ainsi pour conclure, bien qu’il ait eu une parfaite connaissance du guéhinam, Moché notre maître ne passera pas par le guéhinam pour rejoindre le Jardin d’Éden, comme nous le révèlent les Sages du Midrach : « Hakadoch Baroukh Hou a montré le guéhinam à Moché qui demanda : « Qui sont ceux que l’on juge là-bas ? » Le Maître de l’univers lui répondit : « Ce sont les fauteurs ! » Moché en fut effrayé et Hakadoch Baroukh Hou lui déclara : « À présent que tu l’as vu de tes propres yeux, tu n’y passeras pas ! » (במדבר רבה מסעי כג אות ה)