« ויהי מקץ שנתים ימים ופרעה חלם והנה עמד על היאר«
« Ce fut à la fin de deux années de jours, Pharaon rêva et le voici debout sur le fleuve. » בראשית מא, א))
Sur ce verset, le Zohar Hakadoch explique que lorsque Pharaon raconta son rêve à Yossef, il changea délibérément certains détails de son rêve afin de mettre Yossef à l’épreuve. Voici les paroles du Zohar Hakadoch : « Pharaon voulut éprouver Yossef, et changea son rêve. Mais comme Yossef savait… Il dit (à Pharaon) : « Tu as vu ainsi » et il lui détailla chaque chose comme elles étaient. C’est là le sens de l’Écriture : « Pharaon dit : après que Dieu t’ait fait connaître tout cela, nul n’est intelligent et sage comme toi. » זוהר מקץ קצו המתורגם – בראשית מא, לט))
Nous savons qu’un des détails modifiés par Pharaon est mentionné explicitement dans le verset, comme il est écrit : « Pharaon rêva et le voici debout sur le fleuve » – C’est ainsi qu’il décrivit son rêve avant de rencontrer Yossef. Cependant, lorsqu’il raconta son rêve à Yossef, Pharaon changea délibérément ce détail et lui dit : « Dans mon rêve, me voici debout sur le bord du fleuve » – et non pas sur le fleuve, comme cela s’était passé dans son rêve !
Nous devons comprendre, pourquoi Pharaon changea délibérément le contenu de son rêve ?
Il est écrit dans le livre « בני יששכר » sur le verset :
« עדות ביהוסף שמו בצאתו על ארץ מצרים שפת לא ידעתי אשמע » « Il a érigé en témoignage à l’égard de Yéhossef, quand il est sorti contre l’Égypte, j’entendis alors des langages inconnus pour moi » (תהילים פא, ו)
- Il est expliqué dans le Talmud : « Yossef fut libéré de prison le jour de Roch Hachana… comme il est écrit : « Sonnez du chofar, lors du renouvellement de la lune, lorsque la lune est couverte au jour de notre célébration. » puis il est écrit juste après « Il a érigé en témoignage à l’égard de Yéhossef, quand il est sorti contre l’Égypte, j’entendis alors des langages inconnus pour moi. » (ראש השנה יא.)
Le livre « בני יששכר » explique que c’est la raison pour laquelle la lettre ה = « hé » fut rajoutée au nom de Yehossef = יהוסף, car, en effet, le jour de Roch Hachana est le jour de la royauté, celui où le peuple juif sait que Hakadoch Baroukh Hou règne sur le monde entier, comme nous le disons dans la prière de Roch Hachana : « Tu règnes sur le monde entier dans Ton honneur. » D’après Rabbi Saadia, la raison pour laquelle nous sonnons du chofar est de faire régner Hakadoch Baroukh Hou. Comme nous le savons, la dernière lettre ה du Nom י-ה-ו-ה fait allusion à la Présence Divine, la royauté céleste, c’est à travers elle qu’est transmise la prophétie à l’homme.
Il est écrit dans le récit de la création du monde :
« אלה תולדות השמים והארץ בהבראם »
« celles-ci sont les générations des cieux et de la terre lorsqu’ils furent créés » בראשית ב, ד))
Les Sages du Talmud ont expliqué : « ne lis pas le terme בהבראם = « ils furent créés« , mais il faut plutôt lire ב-ה’ בראם = « avec la lettre ה = hé ils furent créés » מנחות כט.))
Le Zohar explique que l’on parle ici de la Chekhina , source de la kédoucha , dont l’allusion est contenue dans la lettre ה = « hé » זוהר צו כט, תזריע מג ועוד)) – comme il est écrit également dans le Pata’h Elihaou[1] : « la lettre ה = « hé« , c’est la Présence Divine, et c’est par elle que Hakadoch Baroukh Hou créa tout l’univers, et c’est par elle que la vie se trouve dans toutes les créatures ».
Il faut dire que c’est grâce à la sainteté de Roch Hachana, que fut rajoutée la lettre ה = « hé » à Yossef, et c’est par elle que Yossef sut, par prophétie, que Pharaon avait changé le contenu de son rêve lorsqu’il lui dit « sur le bord du fleuve », au lieu de « je me tenais sur le fleuve » comme il avait réellement rêvé.
C’est là l’explication de l’Écriture : « עדות ביהוסף » = « en témoignage à l’égard de Yossef » – par le mérite de la lettre ה = « hé » de Yossef qui fut rajoutée à son nom grâce à la sainteté du jour de Roch Hachana, il put alors « בצאתו על ארץ מצרים » = « il est sorti contre l’Égypte » – Il sut dire à Pharaon, par prophétie : « שפת לא ידעתי אשמע » – ce que tu m’as dit que tu te tenais dans ton rêve au bord du fleuve, « לא ידעתי » = « je ne savais pas » – seulement à présent אשמע = « j’ai entendu » – ce n’est qu’à présent que j’ai entendu et compris cela de toi.
Il convient à présent de rapporter ici les paroles du Zohar Hakadoch qui explique que la royauté a deux côtés : la royauté du côté de la sainteté est représentée par la lettre ה = « hé« . À l’opposé, la royauté du côté de l’impureté et de la klipa qui est représentée par la lettre ק = « qouf« , celle-ci ressemble à la lettre « ה » = « hé » sauf que son pied descend plus bas. Le Zohar Hakadoch nous explique que la lettre ק = « qouf » écrite pleinement קו’ף note : Le Zohar et nos maîtres de mémoire bénie, en particulier ceux qui étudient la sagesse cachée, utilisent fréquemment l’écriture pleine des lettres de l’alphabet. Par exemple, la lettre א est écrite comme elle se prononce, c’est-à-dire אלף ou encore la lettre ב qui s’écrit pleinement בית et ainsi de suite… Est le même mot que קוף = « kof » qui veut dire « singe« . En effet, le singe aspire toujours à ressembler à l’homme, sans pouvoir y arriver. De même, la royauté du côté de l’impureté tente-t-elle toujours de ressembler à la royauté qui se trouve du côté de la sainteté, dans le but de lui voler l’abondance qui lui arrive depuis la Présence Divine.
C’est ce qui est rapporté dans le Zohar Hakadoch : « la femme vertueuse… » est représentée par la lettre ה = « hé« , car c’est cette lettre qui lui convient. Par contre, « La femme immorale… » est représentée par la lettre ק = « qouf« … qui est comme le singe face à l’homme, le suivant partout pour lui ressembler… » זוהר תרומה קמח. מתורגם) )
L’explication de ces paroles est que la Chekhina est appelée « la femme vertueuse » – elle fait allusion à la lettre ה = « hé« . Cependant, elle a également son opposé, qui est « la femme immorale » qui est, elle, la force de l’impureté de la touma, à laquelle renvoie la lettre ק = « qouf« .
Après tout cela, il est écrit dans le commentaire « זרע קדש » que la lettre ה = « hé » fait allusion à l’humilité. Voici ces paroles : « Les Sages ont dit : בהבראם = « ils furent créés« , mais il faut, en fait, lire ב-ה’ בראם = « par la lettre ה = hé ils furent créés » – pour comprendre cela nous devons regarder comment se prononce la lettre ה = « hé » dans la bouche de l’homme – celle-ci est une lettre muette, qui ne produit donc que du vent… cela vient nous apprendre l’humilité, car celui qui est réellement humble se considère comme s’il n’était rien du tout, comme le souffle qui sort de la bouche ». זרע קודש ואתחנן))
D’après ces paroles, le commentaire « ייטב לב » explique que la raison pour laquelle Hakadoch Baroukh Hou a rajouté la lettre ה = « hé » à Avram notre patriarche, était dans le but de séparer les deux dernières lettres רם qui veut dire « haut – élevé » et qui indique donc l’orgueil (אבר- ם), comme les Sages l’ont mentionné : « car le nom de Avram indique l’orgueil : אב – רם= « le père – des hauteurs« … aussi l’Éternel lui ajouta la lettre ה = « hé« … qui s’est intercalée entre la lettre ר = « reich » et la lettre ם = « mem » pour les éloigner l’une de l’autre. Ceci afin de nous apprendre que l’Éternel déteste tout ce qui est élevé = רם, Il aime par contre ce qui est bas, et c’est pourquoi il a appelé son nom Avraham = אברהם. C’est en fait pour cette raison que tout celui qui appelle Avram = אברם au lieu de Avraham = אברהם, transgresse un commandement, car Hachem déteste ceux qui sont élevés. ברכות יג.))
Nous pouvons rajouter que lorsque l’on observe la forme de la lettre ה = « hé« , nous voyons qu’elle est divisée en deux parties, la première est la lettre ד = « dalet« , suivie d’un petit segment à l’intérieur. La lettre ד = « dalet » est une allusion au mot דלת = « porte« , tandis que le petit segment fait allusion à l’homme, qui se réduit lui-même par son humilité et se tient à l’entrée de la porte, tel Avraham notre patriarche, sur lequel il est dit : « il était installé à l’entrée de la tente ». (Car telle est l’habitude du Juste, de se tenir à l’extérieur de l’entrée des portes de la sainteté avec humilité et de s’étendre en supplications, comme il est dit : « ouvrez-moi les portes de la justice, je rentrerai à l’intérieur et je reconnaîtrai l’Éternel » – le Juste se considère comme s’il n’était rien, comme s’il n’avait pas encore traversé les portes de la sainteté).
À présent, nous pouvons dire que lorsque Yossef est sorti de prison le jour de Roch Hachana, le jour qui fut créé par la lettre ה = « hé »
« אלה תולדות השמים והארץ בהבראם »
« Celles-ci sont les générations des cieux et de la terre lorsqu’ils furent créés » בראשית ב, ד)) – ne lis pas le terme בהבראם = « ils furent créés », mais il faut plutôt lire ב-ה’ בראם = « par la lettre ה = « hé » ils furent créés » מנחות כט.)) – Pharaon souhaita faire entrer l’orgueil dans le cœur de Yossef lorsqu’il lui dit : « J’ai entendu dire de toi que tu écoutes le songe pour interpréter » בראשית מא, טו)) – c’est-à-dire que tu as la force unique de pouvoir interpréter les rêves ! »
Sur ces paroles, Yossef Hatsadik fournit immédiatement, dans la grandeur de son humilité, une réponse claire : « pas moi » – cela ne vient pas de ma propre force, mais seulement de : « D.ieu répondra pour la paix de Pharaon ». Aussi la lettre ה = « hé » fut rajoutée à son nom car elle contient une allusion à l’humilité, en conséquence de quoi, il fut donc appelé יהוסף = Yéhossef.
Et puisqu’on lui a ajouté la lettre ה = « hé » qui est l’humilité, Yossef put rectifier par prophétie ce que lui dit Pharaon « sur le bord du fleuve », et non pas comme il fut en vérité dans le rêve, c’est-à-dire « sur le fleuve ».
Pharaon personnifiait la royauté du côté de l’impureté, représentée par la lettre ק = « qouf » celle-ci fait allusion à ce qu’il n’a pour seule volonté que de prendre l’apparence de la sainteté, comme le singe voulant ressembler à l’homme. C’est la raison pour laquelle il mentit et prétendit que, dans son rêve, il se tenait sur le bord du fleuve, il voulait simplement se montrer tel un roi qui se tient seulement « sur le bord du fleuve », comme un juste, qui, par humilité, se tient seulement à l’entrée de la porte de la sainteté.
Nous pouvons apprendre de cela combien il faut s’éloigner des klipot qui se trouvent dans tout ce qui touche à l’orgueil, et qui souhaitent se présenter sous forme d’humilité.
[1] Le Pata’h Eliyahou contient les paroles mystiques du prophète Elie extraites des Tikouné Zohar. Ce texte évoque l’Unité et l’Éternité de Hachem, il mentionne la création des 10 séphirot par lesquelles l’Éternel dirige les mondes, connus ou non par l’homme. Le prophète énumère les séphirot ainsi que leur représentation, dont notamment leur correspondance aux principaux membres du corps humain – voir introduction – D’après le Ari Hakadoch, la récitation du Pata’h Eliyahou, chaque jour avant la prière du matin, favorise l’élévation de nos prières.