» ויותר יעקב לבדו ויאבק איש עמו… וירא כי לא יכול לו ויגע בכף ירכו ותקע כף ירך יעקב בהאבקו עמו« 

« Yaacov resta seul et un homme combattit avec lui… Il vit qu’il ne pouvait le vaincre et il le toucha à la hanche ; la hanche de Yaacov se luxa alors qu’il combattait avec lui. »  (בראשית לב, כה – כו)

Les Sages nous enseignent dans le Midrach : « L’homme qui a combattu avec Yaacov était l’ange protecteur de Essav, celui-ci n’est autre que le ס »מ[1] = le mauvais penchant qui pousse l’homme vers la faute. »               (בראשית רבה עז- ג)

Nous devons comprendre pourquoi l’ange d’Essav a blessé Yaacov précisément à la hanche ? Qu’a donc vu l’ange pour le blesser à la hanche et non pas à un autre endroit du corps ? Malgré qu’il n’y ait pas de doute que l’ange a infligé une blessure physique à Yaacov au niveau de la hanche, car c’est là le sens littéral, il y a néanmoins ici également une allusion spirituelle concernant l’emprise des forces de l’impureté. Cette emprise est la raison pour laquelle la Torah nous interdit de consommer le nerf sciatique de l’animal, ainsi qu’il est écrit : « C’est pourquoi les enfants d’Israël ne mangeront pas le nerf sciatique qui est sur l’articulation de la hanche jusqu’à ce jour, parce qu’il avait touché l’articulation de la hanche de Yaacov sur le nerf sciatique ». (בראשית לב, לג) 

Lorsqu’on réfléchit quelque peu, il apparaît que, dans le dur combat qui opposa Yaacov et Essav depuis le début, figure toujours une notion de רגל = « pieds« . En effet, il en est ainsi dès la naissance des frères jumeaux, Yaacov et Essav, comme il est écrit : « Le premier sorti avait le teint rouge… ils appelèrent son nom Essav… et après cela, est sorti son frère et sa main saisissait le talon d’Essav. » (בראשית כה, כו) – Il en est de même dans notre paracha lorsque l’ange d’Essav détecta un point faible : « Il vit qu’il ne pouvait le vaincre et le toucha à la hanche. » (בראשית לב, לה)

Nous retrouvons également dans d’autres endroits cette notion de « pieds », tel qu’il est écrit : « À Moi la vengeance et Il leur paiera au moment où leurs pieds trébucheront. » (דברים לב, לה) ou encore : « Que le pied de l’orgueil ne m’atteigne point. » (תהילים לו, יב) ou bien : « Il ne laissera pas chanceler ton pied. » (תהילים קכא, ג) et de nombreux autres cas… etc.

 

Nous devons comprendre quelle est cette notion de רגל = « pied » ?

Commençons par ce qui est écrit dans le livre « עמוקות מגלה » au nom des Anciens : pourquoi la lettre ד = « dalet » est-elle toujours d’une taille plus grande dans le verset : « שמע ישראל ה’ אלהינו ה’ אחד   » =  « Écoute Israël, l’Éternel est ton D.ieu, l’Éternel est Un » ?  En outre, également dans le verset : « כי לא תשתחוה לאל אחר » =  « Car tu ne te prosterneras pas devant un autre D.ieu » – là aussi, se trouve une lettre plus grande que les autres, à savoir la lettre ר = « rech« . Pourquoi donc ces deux lettres sont-elles de taille différente par rapport aux autres ?

Voici l’explication à ce sujet : c’est comme lorsque le professeur à l’école trace de grandes lettres sur le tableau pour les enfants afin qu’ils ne se trompent pas et confondent une lettre avec une autre. Ainsi Hachem nous avertit en écrivant ces deux lettres plus grandes afin que l’on n’en vienne pas, ‘halila,  à confondre et interchanger les lettres ד = « dalet » et ר = « rech« . Car si nous échangeons malencontreusement ces lettres dans le verset : « Écoute Israël, l’Éternel est ton D.ieu, l’Éternel est Un (= אחד ) » et que nous lisons à la place אחר = « autre« , que D.ieu nous en préserve, ce serait une profanation du Nom Divin. Il en est de même pour l’autre verset : « כי לא תשתחוה לאל אחר » = « Car tu ne te prosterneras pas devant un autre (= אחר) D.ieu ». En effet, si nous échangions malencontreusement la lettre ד = « dalet » et la lettre ר = « rech » – que D.ieu nous en préserve, nous serions alors dans la même situation, celle d’une profanation du Nom de l’Éternel.

Cela est écrit dans le Midrach : « Si tu fais de la lettre ד = « dalet » une lettre  ר  =  « rech » dans le verset :

« שמע ישראל ה’ אלהינו ה’ אחד »

« Écoute Israël, l’Éternel est ton D.ieu, l’Éternel  est Un » – c’est comme si tu détruisais le monde. Il en est de même si tu fais de la lettre ר = « rech » un ד = « dalet » dans le verset :

« כי לא תשתחוה לאל אחר »

« Car tu ne te prosterneras pas devant un autre D.ieu » il se trouve que tu détruis tout le monde entier. » (ויקרא רבה יט, ב)

Nos maîtres nous enseignent que la façon de procéder du mauvais penchant est de mélanger tout ce qui est saint avec le profane ; ainsi que son nom l’indique, car leס »ם  est la racine étymologique du mot  מסמא qui veut dire rendre « aveugle« . Il trompe ainsi les gens, en semant la confusion entre la kédoucha – la pureté et la touma – l’impureté .La petite différence existant entre la lettre ד =  « dalet » et la lettre ר = « rech » se situe à l’extrémité, en haut à droite, dans la lettre ד = « dalet » où l’angle ressort légèrement. Le mauvais penchant déploie des efforts considérables afin d’agir sur l’extrémité de la lettre ד = « dalet » du mot אחד = « Un » pour la remplacer par la lettre ר = « rech » du mot אחר = « autre« , afin que l’homme se trompe et exprime la pluralité, au lieu de l’Unité de D.ieu, que D.ieu nous préserve.

D’après ce que nous venons de dire, nous pouvons maintenant apprendre de cette idée afin de pouvoir approfondir notre compréhension.

Le livre « אגרא דכלה » commente le verset en mentionnant que lorsque D.ieu parle à Adam Harichon, après que ce dernier ait fauté et consommé de l’Arbre de la Connaissance :

« … וקוץ ודרדר תצמיחלך »

« des ronces et des épines, elle fera pousser pour toi… » (בראשית ג, יח)

Moché a écrit dans la Torah  la lettre           ד = « dalet » du mot אחד = « un » plus grande que les autres lettres du verset, il en est de même pour la lettre          ר =  « rech » du mot אחר = « autre » qui, elle aussi, est écrite plus grande. Ceci parce qu’un homme peut très facilement se tromper, que D.ieu nous préserve, entre le mot אחד = « Un » et le mot אחר = « autre« , l’homme pensera alors, en son for intérieur, servir le D.ieu Unique alors qu’en réalité ce sera le contraire ; en fait, il servira l’autre, c’est-à-dire l’idolâtrie, car l’idolâtrie ne consiste pas uniquement à se prosterner devant une image. Servir des dieux étrangers peut être lié à chaque chose que l’homme fait. Cela peut même consister à accomplir une mitsva, si l’homme ne la réalise pas pour le Nom de D.ieu, mais au nom d’une valeur du monde comme, par exemple, celle de la dignité humaine… la différence existant entre le mot אחד = « un » et le mot אחר = « autre » consiste seulement en l’extrémité de la lettre ד = « dalet« … et c’est en fait ce que dit D.ieu à Adam après la faute :

« … וקוץ ודרדר תצמיחלך »

« et des ronces et des épines elle fera pousser pour toi… » – c’est-à-dire que la continuité de la faute sera les doutes qui perturberont l’homme…

De ces paroles, nous pouvons percevoir où se situait l’intention de Moché Rabenou, lorsqu’il écrivit les lettres ד = « dalet » du mot אחד = « Un » et ר = « rech » du mot אחר = « autre » plus grande. Il désirait éviter que l’homme ne se trompe, car à cause de la faute d’Adam Harichon, le mal et le bien se sont mélangés et se confondent. C’est cela le sens du verset :

« … וקוץ ודרדר תצמיחלך »

« et des ronces et des épines elle fera pousser pour toi… » – la différence entre אחד = « Un » = le service de D.ieu et entre אחר =  « autre » = le service de divinités étrangères, est le petit קוץ,  soit la petite extrémité de la lettre ד = « dalet« . On peut facilement se tromper et confondre la lettre ד = « dalet » avec la lettre ר = « rech« . La valeur numérique de la lettre ר = « rech » est de 200, tandis que la valeur numérique de la lettre ד = « dalet » est de 4, la différence est de 196 qui est égale au mot קוץ.

La valeur numérique des mots אל אחר = « autre dieu » est équivalente à la valeur numérique du mot עמלק = « Amalek« , c’est également la valeur numérique du mot ספק = « doute« , toutes sont égales à 240. On trouve une allusion à cela dans l’Écriture :

« …כי יד על כס יה מלחמה לה’ בעמלק מדר דר »

« Car il y a une main sur le trône de D.ieu, D.ieu fait la guerre contre Amalek de génération en génération. » (שמות יח, א)

cela signifie que la guerre contre Amalek qui symbolise « autre dieu » =  אל אחר est une guerre contre le doute qui nous pénètre et dont l’objectif est de nous empêcher de différencier entre  « דר דר« , c’est-à-dire entre la lettre « dalet » et la lettre « rech« , de faire la distinction entre la touma et la kédoucha.

À présent, nous pouvons mieux comprendre pourquoi la difficile guerre entre Yaacov et Essav est symbolisée par le pied = רגל. En effet, la lettre ד = « dalet » est le symbole du « pied« , celui-ci représente la kédoucha dans le verset que chaque Juif récite chaque jour, prenant ainsi sur lui le joug divin et proclamant l’Unité Divine :

 » שמע ישראל ה’ אלהינו ה’ אחד  » = « Écoute Israël, l’Éternel est ton D.ieu, l’Éternel est Un ». Cela s’oppose au « pied » de la touma, symbolisé par le pied de la lettre ר = « rech » dans le verset :

 » כי לא תשתחוה לאל אחר  »

« Car tu ne te prosterneras pas devant un autre dieu ».

Ainsi, les forces de la touma désirent-elles ardemment voler l’extrémité de la forme de la lettre « ד » = « dalet« , afin de l’ajouter à la lettre ר = « rech » pour ensuite former le mot אחר = « autre » et détruire le mot אחד = « un« . De leur côté, les forces de la kédoucha combattent pour protéger le pied de la lettre ד = « dalet« . Aussi est-il très important d’accentuer la lettre ד = « dalet » lorsque l’on prononce le Chéma Israël.

Grâce à tout ceci, nous comprenons maintenant que lorsque l’ange d’Essav, le mauvais penchant, a vu qu’il ne pouvait vaincre et dominer Yaacov – celui-ci étant la racine de la kédoucha – il l’a alors blessé à la hanche, ce qui a entraîné un défaut à son pied, c’est-à-dire le pied de la lettre ד = « dalet« . Ceci entraîna pour nous, le peuple d’Israël, le risque de facilement se tromper et confondre la lettre ד = « dalet » avec la lettre ר = « rech« , c’est-à-dire en arriver à servir d’autres dieux, ‘Halila, et non le D.ieu Un.

Pour cette raison, la Torah nous ordonne de ne pas manger du nerf sciatique afin que l’on se souvienne que l’ange d’Essav a blessé le pied de la kédoucha de la lettre ד = « dalet« , ce qui entraîne une confusion facile entre la sainteté et l’impureté. Le meilleur conseil à suivre est de toujours avoir l’intention, dans chaque commandement des 613 mitsvot, de les accomplir seulement et uniquement au Nom du Ciel et de l’Éternel seulement.

[1] Rabbi ‘Haïm Vital a écrit : mon maître le Ari Zal était très attentif à ne pas sortir de sa bouche aucun nom kadoch ni des noms d’anges, même ceux ramenés dans les livres. Lorsqu’il devait les exprimer, il utilisait un diminutif ; ainsi, par exemple pour מטטרו« ן,  il disait    מ »טet s’il s’agissait de  סמא« ל,  il disait ס »מ שערי מצות פר’ שמות)  –)