« וישבו המים ויכסו את הרכב ואת הפרשים לכל חיל פרעה הבאים אחריהם בים לא נשאר בהם עד אחד »
« Les eaux se retournèrent, elles couvrirent les chars et les cavaliers, toute l’armée de Pharaon qui était entrée derrière eux dans la mer, il n’en resta pas un seul. » (שמות יד, כח)
Le Midrach nous enseigne à propos de notre verset : Rabbi Né’hémia explique qu’il ne resta pas un survivant à l’exception de Pharaon au sujet duquel il est écrit : « Mais voici pourquoi Je t’ai laissé vivre, pour te faire voir Ma puissance redoutable dans le monde. » (מכילתא בשלח ו – שמות ט, טו)
Nous pouvons constater que Pharaon, qui était à l’origine des décrets cruels édictés contre les enfants d’Israël, n’a pas été puni comme les autres Égyptiens qui furent noyés dans la mer.
Bien que la profondeur de la justice divine soit inaccessible à l’entendement humain, nous pouvons nous interroger sur la raison pour laquelle le Créateur ne punit pas Pharaon mesure pour mesure, qui est un principe fondamental de justice divine ?
Pour répondre à cette question cruciale, commençons par introduire une Michna des Pirké Avot au sujet de Hillel l’Ancien : « Même lui vit un crâne flotter sur l’eau. Il lui dit : c’est parce que tu as noyé que l’on t’a noyé, et ceux qui t’ont noyé seront noyés à leur tour. » (אבות ב, ז) Hillel Hanassi eut à ce moment précis une vision extraordinaire et nous enseigne que la justice divine est parfaitement mesurée pour chacun.
Comment Hillel peut-il affirmer de façon aussi radicale que celui qui a noyé sera noyé à son tour ? De nombreux meurtriers ne meurent-ils pas de mort naturelle ? Et Abel, qui fut assassiné par Caïn, a-t-il commis un meurtre pour avoir mérité ce sort ? Il se trouve donc que la première personne assassinée de l’histoire de l’humanité n’avait elle-même tué personne mais fut tuée en raison d’une autre faute. Par conséquent, pourquoi ce crâne devait-il donc forcément, selon Hillel, appartenir à un meurtrier ?
Note : Le Talmud nous enseigne que la compréhension de la justice divine était une des questions fondamentales de Moché Rabbénou à Hakadoch Baroukh Hou, comme il est dit : « Fais-moi connaître Tes voies. » (שמות לג, יג) Moché dit devant Dieu : « Maître de l’univers, pourquoi certains justes connaissent des malheurs et d’autres des satisfactions ? Pourquoi certains mécréants connaissent des bonheurs et d’autres des tourments ? (ברכות ז.) – Il est également écrit dans le Talmud que la profondeur de la justice divine est cachée à l’homme. (פסחים נד:) consulter la paracha de Hazinou qui développe le sujet de la justice divine dans nos éditions Tsror Ha’haïm.
Il est écrit dans le Zohar Hakadoch : « Viens et constate, concernant celui qui transgresse les commandements de la Torah, que ses transgressions montent et descendent, et laissent des traces sur son visage afin que les êtres des mondes supérieurs et du monde d’en-bas le regardent et déversent des malédictions à son encontre. Et nous avons appris que « les yeux de l’Eternel » – les anges – qui parcourent le monde pour connaître les voies des êtres humains, observent le visage de cet homme. Tous disent de lui : malheur, malheur ! Malheur à lui dans ce monde-ci, et malheur à lui dans le monde à venir. » (זוהר הקדוש פר’ אחרי מות דף עו.)
Nous comprenons de ce passage du Zohar Hakadoch que Hillel réussit à lire, sur le crâne qu’il découvrit, les transgressions réalisées du vivant de son propriétaire car elles y étaient inscrites.
Le « ראשית חכמה » donne un conseil extraordinaire : il explique que lorsque l’homme commet une faute, il est bon qu’il pleure abondamment et que ses larmes coulent sur son visage jusqu’à ce que les traces de ses fautes disparaissent. Il est également bon qu’il étale ses larmes sur son front, car c’est sur le front que sont inscrites les fautes commises, comme il est écrit : « Et tu dessineras un signe sur le front des hommes. » (ראשית חכמה שער הירא ט – יחזקאל ט, ד)
C’est également le sens des paroles du Talmud : « Hachem dit à l’ange Gabriel : Va et inscris à l’encre sur le front des Justes la lettre tav =ת comme un signe pour que les anges de destruction ne les dominent pas. Et inscris la lettre tav = ת avec du sang sur le front des mécréants comme un signe pour que les anges de destruction les dominent. » (שבת נה.)
Note : Le Talmud s’exprime sur le verset précédent d’Ézékiel, qui décrit par vision prophétique, la venue des anges de destruction sur Jérusalem. Hachem leur ordonna de semer la destruction parmi le peuple. Le Talmud rapporte un débat qui eut lieu dans le Tribunal Céleste sur le sort à réserver aux personnes vertueuses qui n’avaient pas averti et réprimandé le reste du peuple. Jamais un décret positif du Maître du monde ne s’inversa en décret de mort, excepté pour ne pas avoir protesté quand il le fallait, comme il est écrit : « l’Eternel dit à l’ange : passe dans la ville, dans Jérusalem, et inscris la lettre tav sur le front des gens qui soupirent et qui gémissent devant toutes les abominations qui sont faites en son sein. » – il s’agit ici des justes qui étaient témoins des fautes commises par les impies sans pour autant les réprimander. (יחזקאל ט, ד) L’attribut de rigueur demanda : Maître de l’univers, quelle différence y a-t-il entre ceux-ci et ceux-là ? Hachem lui répondit : ceux-ci sont absolument vertueux et ceux-là sont absolument impies. L’attribut de rigueur dit alors au Créateur : Maître de l’univers, les vertueux avaient la possibilité de réprimander les fauteurs cependant ils n’ont pas protesté ! Hachem lui répondit : s’ils avaient réprimandé les fauteurs, ces derniers n’auraient accepté d’eux aucun reproche. L’attribut de rigueur dit alors à l’Eternel : Maître de l’univers, si pour Toi cela clair, était-ce évident pour les vertueux ? Les justes ne savaient pas que leurs réprimandes n’auraient aucun effet, c’est pourquoi ils auraient dû intervenir ! Ainsi la stricte justice persuada par cet argument le Maître du monde de revenir sur sa décision d’épargner les vertueux. (שבת נה.) – Consulter le Choul’han Aroukh sur la mitsva de réprimander son prochain. (ש »ע או »ה סימן תרח) D’après l’introduction du Zohar, la lettre tav = ת se situe dans la séphira de Malkhout ou l’attribut de rigueur domine largement celui de la miséricorde et c’est la raison pour laquelle Hakadoch Baroukh Hou ne débuta pas la Torah par la lettre tav = ת car le monde n’aurait pas pu se maintenir. Ainsi, la lettre ת du mot תחיה = vivra s’est inversée en lettre ת du mot תמות = mourra car celle-ci est influencée par la force de la stricte justice, et c’est la raison pour laquelle elle fut choisie pour finaliser le mot mort = מות . (הקדמה זוהר מתוק מדבש דף ב:) En effet, il est rapporté dans le Zohar Hakadoch que tout celui qui n’a pas commis de transgression, conserve l’éclat du visage et de son apparence, qui est reliée, sans obstruction, au monde supérieur. Par contre, à partir du moment où l’homme commet une transgression de la Torah, l’éclat et la forme de son visage changent, ce qui est perçu notamment par les animaux sauvages qui ne perçoivent plus la lumière authentique originelle. (ע’ זוהר אחרי נח עא.) Ceci va dans le sens de l’enseignement de nos Sages du Talmud : « Aucun animal sauvage ne peut dominer l’homme sauf si ce dernier est à la ressemblance de l’animal. » (ע’ שבת קנא: – סנהדרין לח:) Sache que toutes les mitsvot et bonnes actions sont également inscrites sur le visage, comme le rapporte Rabbi ‘Haïm Vital : « Mon maître le Ari Zal m’a enseigné que tous les commandements accomplis par l’homme sont inscrits sur son front. Chaque mitsva est inscrite sur une lettre qui lui est reliée et lorsque l’homme accomplit cette mitsva, cette lettre se met à éclairer. Lorsque l’homme accomplit une autre mitsva, la lettre de la mitsva précédente est absorbée dans le front pour laisser place à la mitsva suivante, en dehors de la mitsva de la tsédaka, d’après le secret du verset : « וְצִדְקָתוֹ עֹמֶדֶת לָעַד » = « Et sa justice se maintient pour toujours. » (תהילים קיא, ג), en effet, la mitsva de la charité éclaire durant toute la semaine. » (פרי עץ חיים שער שבת דרוש ד) Le Ari Zal a enseigné que l’alphabet hébraïque, qui contient 22 lettres, est inscrit dans sa globalité, sous trois formes, sur le front de l’homme. Le premier alphabet est de petite taille, le deuxième est moyen tandis que le troisième est de grande taille, ce qui correspond aux néfech, roua’h et néchama… (ע’ שער רוח הקודש דף ג)
À présent, éclairons notre réflexion à la lumière des enseignements sacrés du Ari Zal auxquels nous pouvons associer le verset : « l’Eternel transmet Ses mystères à ceux qui Le craignent. » (תהילים כה, ד) De cette manière, nous pourrons répondre de manière éclatante aux nombreuses questions soulevées jusqu’ici.
Le Ari Zal demande à propos de notre Michna des Pirké Avot : Pourquoi Rabbi Yéhouda Hanassi a-t-il choisi précisément de commencer cette Michna par les mots suivants : « Même lui vit un crâne flotter sur l’eau » ? À première vue, il aurait dû être écrit : « Hillel vit un crâne flotter sur l’eau ». Nous pouvons déduire des mots « Même lui » choisis par Rabbi Yéhouda, qu’Hillel n’était pas seul à avoir vu ce crâne !
Le Ari Zal nous dévoile que l’âme de Moché Rabbénou et celle d’Hillel Hanassi provenaient d’une même racine et c’est la raison pour laquelle ils eurent de nombreux points communs :
Moché Rabbénou fut le dirigeant du peuple d’Israël, tout comme Hillel Hanassi fut le prince d’Israël en son temps.
Moché Rabbénou et Hillel vécurent tous deux 120 ans.
Moché Rabbénou était l’homme le plus humble de tous les temps, tout comme Hillel qui est décrit comme étant le plus humble de sa génération.
Note : Les sages du Talmud ont enseigné dans une braïta que l’homme se doit toujours de rechercher l’humilité en prenant pour exemple Hillel Hanassi. Les sages nous racontent une anecdote à ce sujet : deux personnes parièrent qu’il était possible de faire perdre son calme à Hillel le prince d’Israël en le provoquant, pour un montant de 400 zouz (cette somme représentait le salaire moyen de toute une année de travail). Ainsi, l’un d’eux alla à la rencontre de Hillel pour le provoquer. Il se rendit devant chez lui, un vendredi après-midi avant l’entrée du chabbat, alors que Hillel se lavait la tête. Il choisit précisément ce moment de grand empressement pour gagner son pari. (מהרש »א) Afin de le contrarier encore davantage, il s’adressa à lui avec désinvolture, comme s’il s’adressait à un simple paysan alors que Hillel était le souverain d’Israël. (רש »י) L’homme posa des questions triviales comme par exemple : Pourquoi la tête des babyloniens est-elle si ronde ? Pourquoi les pieds des africains sont-ils particulièrement larges ? Hillel répondit respectueusement à chacune de ses questions. Finalement, le parieur demanda à Hillel : Es-tu Hillel qu’on appelle le prince du Peuple Juif ? Hillel répondit par l’affirmative. Il lui dit alors : Si c’est bien toi, qu’il n’y ait pas beaucoup d’hommes comme toi parmi le Peuple Juif ! Hillel lui en demanda la raison. Il lui répondit : Parce qu’à cause de toi, j’ai perdu 400 zouz. Mais Hillel ne s’en offusqua point. (שבת ל: – לא.)
Le Ari Zal ajoute que Hakadoch Baroukh Hou fit une allusion à Moché lorsque ce dernier monta pour recevoir la Torah, comme il est écrit dans le Talmud : « Quand Moché monta vers le ciel, il trouva Hakadoch Baroukh Hou assis, affairé à relier des couronnes aux lettres. Moché ne prononça aucun mot et Hachem lui en fit la remarque : Moché, les gens qui se rencontrent ne se saluent-ils pas dans ta ville ? Il répondit : un serviteur salut-il son Maître ? Hachem lui répondit : Tu aurais dû M’aider ! (C’est-à-dire, me souhaiter un plein succès dans mon travail !). Immédiatement, Moché répondit : que la puissance d’Hachem s’agrandisse comme Tu l’as déclaré. » (שבת פט. – דברים יד, יז) En effet, nous pouvons observer dans la réponse de D.ieu à Moché « היה לך לעזרני » = « tu aurais dû M’aider » que les initiales forment le nom Hillel = הלל (שער הגלגולים הקדמה לד – לו)
Note : Le « מגלה עמוקות » nous révèle qu’à trois reprises, Hachem accepta la demande de Moché, à savoir de compléter le nom de Hillel avec la lettre youd =י . « הוא היה לך לפה » = « Lui sera pour toi comme une bouche » (שמות ד, טז) – « אל מול פני המנרה » = « devant la face de la Menora. » (במדבר ח, ב) – les lettres finales forment le nom Hillel = הילל. Enfin pour terminer, les derniers mots de la Torah : « משה לעני כל ישראל » = « Moché, aux yeux de tout Israël » forment aussi le nom Hillel. (מגלה עמוקות פר’ ואתחנן – דברים לד, יב)
Ainsi, lorsque Hillel vit le crâne, il put lire ce qui était inscrit sur le crâne et il sut qu’il s’agissait de celui de Pharaon l’impie ! C’est pourquoi il déclara avec certitude que ce dernier était mort noyé car il avait lui-même noyé ! Les mots de la Michna : « Même lui vit un crâne » font allusion au fait que Hillel n’était autre que la réincarnation de Moché Rabbénou, qui « vit » lui aussi le crâne en question et « comprit » qu’il appartenait à la réincarnation de Pharaon puni, dans cette génération, mesure pour mesure pour avoir noyé les enfants d’Israël comme il est écrit : « Tout mâle nouveau-né, jetez le dans le fleuve. » (שמות א, כב) Hillel s’adressa ensuite au peuple d’Israël et non plus au crâne en disant : « Non seulement Pharaon a été noyé parce qu’il t’a noyé, mais il en sera de même pour toutes les autres nations du monde qui te nuiront. Elles seront aussi punies comme Pharaon. C’est le sens des paroles de Hillel : « Et ceux qui t’ont noyé, seront à leur tour noyés. »
Moché savait que Pharaon fut épargné afin de témoigner auprès des nations du monde de la grandeur de l’Eternel et sanctifier ainsi Son Nom en racontant la sortie d’Égypte. Cependant, la justice divine ne dépend ni de l’espace et ni du temps et Pharaon devra revenir en guilgoul pour subir son châtiment.
Nous comprenons mieux le langage choisi de façon chirurgicale par Rabbi Yéhouda dans la Michna lorsqu’ il dit qu’Hillel vit un crâne =גלגלת = golgolet dont l’étymologie est la même que le mot réincarnation = גלגול= guilgoul. L’Écriture qui pouvait sembler imprécise à première vue dans notre verset par les termes employés « il n’en resta pas un seul. » (שמות יד, כח) sachant que Pharaon fut épargné lors de la sortie d’Egypte, prend tout son sens plusieurs génération plus tard!
Hillel souhaitait renforcer les juifs de sa génération dans la foi en la justice divine, dans la notion de récompense/punition. En effet, à l’époque d’Hillel, ses contemporains souffraient des persécutions romaines. Ainsi Hillel rassura le peuple d’Israël en lui expliquant qu’à l’avenir, l’Eternel vengera Son peuple. De la même façon que Pharaon fut puni des générations plus tard à travers une réincarnation qui endura mesure pour mesure son lot de réparation, de même tous les oppresseurs du Peuple Juif devront rendre des comptes, mesure pour mesure, que ce soit dans cette vie ou dans une autre, car chacun sera réincarné pour effectuer sa réparation, mesure pour mesure, en fonction du mal qu’il aura commis.
Note : Dans le même ordre d’idée de l’enseignement d’Hillel, j’ai appris de mon maître, qu’à la fin des temps, lors de la guerre de Gog et Magog, la totalité des oppresseurs du Peuple Juif durant l’histoire sera réincarnée pour effectuer la réparation des dommages commis à son encontre. Depuis Pharaon, en passant par Nabuchodonosor, Haman, les empereurs romains jusqu’à Hitler, tous les tyrans de ces dernières décennies qui oppressèrent Israël, se réincarneront durant la dernière génération et accéderont au pouvoir de leurs nations afin de préparer leur propre chute et glorifier ainsi majestueusement le Nom de D.ieu. (ע’ זוהר בשלח נח:)