» הנה אנכי מכה במטה אשר בידי על המים…  »
« Voici je frappe sur les eaux avec le bâton qui est dans ma main… » (שמות ז, יז)
Sur ces paroles de Moché à Pharaon, le Mékoubal Rabbi Chimchon d’Ostropoli זצ »ל a écrit dans son livre, le « קהלת משה » au nom du Ari Zal : « Il semblerait à première vue que les deux mots du verset « qui est dans ma main » soient en trop et n’aient pas de raison d’être. Il est évident que si Moché dit qu’il va frapper le fleuve avec son bâton, c’est qu’il le saisit dans sa main ! De plus, il semble que nous pouvons poser la même question au sujet de la paracha Béchala’h lorsque l’Éternel envoya Moché puiser de l’eau du puits, comme il est écrit : « L’Éternel dit à Moché… ton bâton avec lequel tu as frappé le fleuve, prends le dans ta main, et tu iras… et tu frapperas le rocher… ». (שמות יז, ה – ו) Ici également, à première vue, les termes « prends le dans ta main » semblent être superflus. En effet, si Hakadoch Baroukh Hou ordonne à Moché de prendre son bâton, il est évident qu’il va le prendre dans sa main !
Rabbi Chimchon d’Ostropoli זצ »ל explique à sa manière que le bâton de Moché fut créé durant les six premiers jours de la création, plus précisément le sixième jour au crépuscule, juste avant l’entrée du chabbat, comme il est rapporté dans la Michna : « 10 choses ont été créées au crépuscule la veille de chabbat : le gouffre qui engloutit Kora’h, la source qui désaltéra les enfants d’Israël dans le désert, la bouche de l’ânesse de Bilam, l’arc-en-ciel, la manne, le bâton de Moché… » (אבות יז, ה – ו) – Moché rabbénou trouva le bâton dans le jardin de son beau-père, Yitro.
Rabbi Chimchon d’Ostropoli ajoute que sur le bâton de Moché rabbénou était gravé le Nom d’Hakadoch Baroukh Hou, comme il est rapporté dans le targoum de Yonatan ben Ouziel : « Le Nom de l’Éternel était inscrit sur le bâton qui fut créé au crépuscule. Moché l’utilisera dans le futur pour faire des prodiges en Égypte ». (תרגום יונתן שמות ב, כא) Nous savons que le Nom divin י-ה-ו-ה représente la pleine mesure de miséricorde. Cela apparaît en allusion dans le verset des psaumes du roi David :
« יִשְׂמְחוּ הַשָּׁמַיִם וְתָגֵל הָאָרֶץ »
« Que les cieux se réjouissent, que la terre soit dans l’allégresse » (תהילים צו, יא) – car les créatures des mondes supérieurs comme les créatures du monde inférieur se réjouissent lorsque la miséricorde s’étend dans le monde. Cependant, Rabbi Chimchon explique d’après le Zohar que lorsque les lettres du Nom divin sont associées à l’envers, c’est-à-dire ה-ו-ה-י, cela attire la mesure de rigueur dans le monde. (תיקוני זוהר הקדמה י)
D’après tous ces enseignements transmis par le Ari Zal, nous trouvons une explication prodigieuse : comme nous l’avons dit, le Nom de D.ieu י-ה-ו-ה était inscrit sur le bâton de Moché de haut en bas. Ainsi lorsque Moché voulait faire descendre la miséricorde sur Israël, comme lorsqu’il frappa le rocher pour pouvoir faire sortir de l’eau et abreuver le peuple juif, il devait saisir son bâton tout droit de sorte que les lettres du Nom divin étaient disposées dans l’ordre, du haut vers le bas, et faisaient ainsi descendre la miséricorde sur Israël depuis les mondes supérieurs dans le monde d’en bas. En revanche, lorsque Moché devait faire descendre le din et la rigueur, il se saisissait de son bâton en le retournant à l’envers, de telle sorte que les lettres du Nom divin étaient inversées ה-ו-ה-י, ce qui attirait automatiquement la pleine mesure de rigueur sur l’Égypte.
D’après cet enseignement, Rabbi Chimchon d’Ostropoli explique notre verset initial : « Voici je frappe avec le bâton qui est dans ma main sur les eaux… » – bien que les termes « dans ma main » aient l’air superflu, il n’en est rien ! Moché dit à Pharaon : je frappe le fleuve « avec le bâton qui se trouve dans ma main » – c’est-à-dire avec la partie du bâton que je saisis dans la paume de ma main. Inversement, Moché retourna le bâton afin de frapper le fleuve avec l’autre côté du bâton qui se trouve dans la paume de sa main. Ainsi, il inversa l’ordre des lettres du Nom de D.ieu de י-ה-ו-ה en ה-ו-ה-י en ayant l’intention de faire descendre la rigueur des mondes supérieurs sur l’Égypte et transformer le Nil en fleuve de sang.
Avec les nouveaux éléments que nous venons d’apprendre de notre étude, nous pouvons également expliquer le sens du texte de la Méguila d’Esther : « Lorsque le roi aperçut Esther debout dans la cour, elle trouva grâce à ses yeux, et le roi tendit à Esther le sceptre d’or qu’il tenait en main. Esther s’avança et toucha l’extrémité du sceptre ». (אסתר ה, ב)
Ici aussi, à première vue, les mots « tenait en main » semblent de trop puisqu’il est évident que si le roi saisissait son sceptre, il était forcément dans sa main…
L’habitude des rois a toujours été de saisir leur sceptre par leur sommet qui était surmonté de pierres précieuses, emblème de la royauté. Ainsi, la tête d’un sceptre royal était unique et de première importance, contrairement à la longueur du corps du sceptre. Ainsi lorsqu’A’hachvéroch tendait son sceptre d’or à tout celui qui voulait être gracié, il le saisissait dans sa main par la tête et tendait la queue du sceptre vers l’homme dont la vie allait être préservée.
Cependant, lorsque le roi A’hachvéroch vit Esther se tenir dans la cour, on lit : « Elle trouva grâce à ses yeux. » Ainsi, en l’honneur de la future reine, il ne tendit pas son sceptre comme pour tous les communs des mortels, mais le retourna, afin qu’Esther puisse toucher la monture emblématique de la royauté ornée de bijoux. C’est pourquoi il est écrit : « Et le roi tendit à Esther le sceptre d’or qu’il tenait en main ». C’est-à-dire que le roi dressa la tête de son sceptre vers Esther. C’est là le sens de la suite de l’Écriture : « Esther s’avança et toucha l’extrémité du sceptre. »
À ce propos, le Ari Zal nous dévoile qu’Haman l’impie voulait attirer la pleine mesure de rigueur divine contre Israël par l’intermédiaire de l’inversement du Nom de l’Éternel. C’est ainsi qu’il s’exprima auprès de ses proches et de sa famille :
« וְכָל זֶה אֵינֶנּוּ שׁוֶֹה לִי »
« Mais tout cela n’a pas de valeur pour moi ». (אסתר ה, יג) Les dernières lettres des mots de ce passage forment le terme ה-ו-ה-י qui est comme nous l’avons dit l’assemblage des lettres du Nom divin qui attire la pleine mesure de rigueur. En éveillant ce Nom, Haman voulait éveiller les accusations contre Israël, que D.ieu nous en préserve.
Cependant, la reine Esther supplia l’Éternel d’inverser cette combinaison afin d’attirer au contraire la pleine mesure de miséricorde sur Israël, comme il est dit : « יבוא המלך והמן היום » « Que le roi ainsi qu’Haman assistent aujourd’hui ». (אסתר ה, ד) Les premières lettres des mots du verset forment une fois assemblées le Nom ineffable de l’Éternel – י-ה-ו-ה – Nom de miséricorde, afin de contrecarrer le plan d’Haman, celui d’éveiller la pleine mesure de rigueur en assemblant les lettres du Nom divin à l’envers ה-ו-ה-י.