A l’approche de ‘Hanouka 5782 nous avons voulu vous faire profiter de quelques instants inoubliables vécus par l’équipe Beth Chelomo dans une base de Tsahal il y a une dizaine d’année. Notre mission : Répandre la lumière c’était l’un des grands projets du Rabbi de Loubavitch.

Premier jour de ‘Hanouka 5771, le vieux 4×4 de Beth Chelomo s’élance sur la route de Jérusalem vers Eilat. Au volant, Dror Bakal, le responsable des relations avec l’armée. Il était lui même capitaine dans les services de renseignements. Ceinture noire de Karaté et ancien champion de natation. Aujourd’hui malheureusement, il est gravement malade, que D. lui envoie une guérison totale et rapide, Amen. Le copilote, c’est Salomon Chachoua, ancien Président et fondateur de Beth Chelomo. Depuis qu’il a fait son Alyah il est directeur de l’association en Israël. A l’arrière, Aharon Nedjar, le narrateur, à votre service.

Restez avec nous et attachez votre cein­ture, vous allez vivre un moment inoubliable dans une base de Tsahal dans les montagnes du sud Néguev. Pour vous mettre dans le bain, nous passons par Yam Haméla’h (Mer Morte) après avoir emprunté la magnifique route qui traverse les collines du désert de Judée et qui n’en finit plus de descendre sous le niveau de la mer. Vertigineux ! Arrivés dans le Néguev, nous quittons la route de la Arava pour entrer dans le cœur du désert (soit dit en passant, le guide Lonely Planet venait d’élire le Néguev comme la 2ème région la plus belle au monde à visiter absolument, juste après la Corse). Les acacias défilent les uns après les autres avec leur cimes toutes plates, pour mieux profiter de la rosée du matin. Sur le bord de la route, quelques tanks simulent une attaque, puis trois avions F16 passent à quelques mètres de nous, comme pour nous souhaiter la bienvenue.

Voilà, nous sommes arrivés, juste pour Min’ha. Le Rav Mena’hem Ofen Israël nous accueille avec ses trois coéquipiers, des jeunes ‘Habad (Lubavitch) qui assurent l’animation de la plus grande partie de la soirée. La synagogue de la base est immense et à moitié pleine. Après l’office, tout se met en marche très rapidement.

Le Rav Ofen est bien rodé, à l’armée on ne rigole pas avec les secondes. Il est notre partenaire au sein de Tsahal. Ancien officier de l’armée, et suite à une grave blessure, il s’est donné pour vocation de remonter le moral aux soldats. Grâce à lui ils partent au combat en chantant des chansons ‘hassidiques.

La soirée commence. Des centaines de soldats sont déjà assis sur les gradins en plein air. Tout naturellement les filles s’assoient sur le coté. Nous sommes étonnés par le nombre de kipot près des trois quart paraissent religieux.

Déjà la nuit tombe, Yaïr, le commandant de la base n’a que quelques minutes pour présenter Salomon Chachoua à nos hôtes et l’inviter à parler. Le discours de Salomon fait rire aux éclats toute l’assemblée. Il est habillé d’une veste kaki offerte par Yaïr. Les nuits sont fraiches au mois de décembre dans le désert.

Allumage solennel de la première bougie de ‘Hanouka par le Rav Hofen. On distribue les ‘hanoukiyoth avec les bougies et une petite fiche contenant les bérakhoth et chants de ‘Hanouka.

– “Poussez pas, il y en a pour tout le monde”. Chacun allume la sienne. Déjà, retentit le traditionnel chant Maoz Tsour. Les cartons de Soufganiyoty sont vite vidés. “Mmm, aussi bons qu’à la maison !” Puis commence l’animation avec chanteur professionnel, cracheur de feu et sketchs déguisés.

C’est alors que deux soldats viennent voir discrètement Dror :
– Vous voulez faire un tour dans nos chambres ?

Nous filons à l’anglaise au meilleur moment du spectacle. Meïr et Lyor nous escortent jusqu’aux chambres. ­
– Regardez, c’est nous qui avons planté ce gazon, et cette fontaine, c’est nous qui l’avons installée. On se croirait tout à coup dans un oasis, en plein désert !
– Nous y voici, nous avons gagné le concours de la plus belle chambre de la base.

Dès la porte ouverte, on a l’impression d’entrer dans l’un des bars les plus branchés de Tel Aviv.
– Et tout ça avec des meubles et objets récupérés sur les trottoirs des villes. Télé, chaine Hifi, rien ne manque !
– Où avez-vous eu la télé ? demande Salomon.
– Des donateurs américains, ils ont équipé toutes les chambres. Vous voulez un café ? Demande Meïr.

Nous nous installons dehors autour d’une grande table en bois. Orly vient nous rejoindre, elle est formatrice.
– Racontez-nous un peu, c’est quoi votre job ?
– Nous travaillons sur des immenses tracteurs, pour faire les routes, déminer, construire des ponts… Nous entrons en pays ennemi avant les tanks !

Tout en parlant Lyor sort de sa poche un petit jouet jaune représentant une pelle mécanique et le jette sur la table.
– Vous ne craignez pas les coups de feu ?
– Non c’est blindé,
– Et les missiles antichar (RPG) ?
– Si on en reçoit un, c’est la fin ! Un long silence s’installe.
– Notre camarade de chambre est parti comme ça, dit Lyor.

Je tente la question passe-partout pour briser la glace :
– Comment une jeune fille comme vous peut former des grands gaillards comme ça, sur des monstres aussi gigantesques?

Pour seule réponse un haussement d’épau­les, avec un grand sourire venant de la soldate. Ouf ! Sauvé par le café, il arrive à temps. Merci Meïr !
– On est bien ici, mieux qu’à la maison !

Je crois que j’ai fait une autre gaffe, Meïr me regarde avec des yeux humides, la réponse tarde à arriver.
– La ‘Havera (petite amie) nous manque.

Nous avons encore deux bases à visiter ce soir dans la région. Puis c’est le retour sur Jérusalem, arrivée 4h du matin.

Mission accomplie !

Aharon Nedjar