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Le secret des Téfilines

« והיה לך לאות על ידך ולזכרון בין עיניך… »

« Ce sera pour toi comme un signe sur ta main et comme un rappel entre tes yeux… » (שמות יג, ט)

Notre verset fait référence aux téfilines.

Les sages d’Israël nous enseignent dans une braïta à propos des téfilines : « Il est écrit dans notre verset : « ta main », il s’agit de la main gauche. Ne s’agirait-il pas plutôt de la main droite se demandent les sages ? Il est pourtant écrit : « Ma main aussi fonda la terre, et Ma main droite mesura le ciel. » (ישעיה מח, יג) Nous lisons également : « De sa main elle saisit une cheville, de sa droite le marteau » ; (שופטים ה, כו) ou encore : « Pourquoi tiens-tu ta main à l’écart ? Retire ta droite de ton sein ! » (מנחות לו: – תהילים עד, יא)

Nous apprenons de ce passage talmudique que chaque fois qu’il s’agit de la main droite, le texte le mentionne clairement. Les sages en ont donc déduit et établi que lorsqu’il n’y a aucune précision, l’Écriture fait référence à la main gauche.

Le Talmud nous rapporte également un deuxième enseignement élémentaire à propos des téfiline : « Il a été enseigné que l’on doit mettre d’abord le téfiline de la main et seulement ensuite le téfiline de la tête, comme il est écrit : « Vous l’attacherez en signe sur votre main », puis : « Elles seront en frontaux entre tes yeux ». (מנחות לו. – דברים ו, ח)

Pourquoi Hachem nous ordonne-t-Il de mettre les téfiline précisément sur le bras gauche et non sur le bras droit alors que la plupart des mitsvot s’accomplissent avec la main droite ? Aussi, pourquoi la Torah précise-t-elle que les téfiline du bras se placent avant celles de la tête ?

Introduisons notre explication par un verset qui se trouve dans la paracha Toldot : « Et après cela, son frère sortit et sa main saisit le talon d’Essav. Il lui donna le nom de Yaacov ». (בראשית כה, כו) Rachi nous précise que c’est Hakadoch Baroukh Hou Qui l’appela ainsi. C’est-à-dire qu’Hachem appela Yaacov par ce nom car sa main saisit le talon d’Essav son frère. Qu’y avait-il de si important dans cet acte pour qu’Hakadoch Baroukh Hou nomme notre patriarche Yaacov en son nom ?

On trouve dans le livre « ישמח משה » une explication profonde que nous développerons en plusieurs étapes. L’auteur pose une autre question à propos du verset : « Les enfants se disputaient en elle ». (בראשית כה, כב) Rachi explique au nom du Midrach que le terme « se disputaient » a le sens de « courir », car quand Rivka passait devant le beth hamidrach de Chem et Éver, Yaacov s’agitait pour sortir, et lorsqu’elle passait devant des temples d’idolâtrie, c’est Essav qui s’agitait pour sortir. (בראשית רבה סג, ו)

Nous en déduisons que Yaacov, alors encore dans les entrailles de sa mère, était entièrement bon, tandis qu’Essav était entièrement mauvais. Or puisque Yaacov était exclusivement attiré à faire le bien et Essav à faire le mal, il semblerait qu’aucun d’entre eux n’avait de libre arbitre. Dans ce cas, comment comprendre que Yaacov percevra une récompense pour ses bonnes actions et qu’Essav sera puni pour ses mauvaises actions ?

Le « ישמח משה » répond que lorsque les jumeaux étaient encore dans le ventre de leur mère, chacun subit l’influence de son frère jumeau. Yaacov notre patriarche perçut les effets négatifs d’Essav tandis que ce dernier reçut une part positive de Yaacov notre patriarche. Il se trouve donc que chacun d’entre eux pouvait choisir entre le bien et le mal. Ainsi il reviendra à Yaacov d’être récompensé de ses bonnes actions pour avoir combattu la part négative que son frère lui transmit, tandis qu’Essav devra subir de lourdes conséquences pour n’avoir pas fait pencher la balance du côté du bien qu’il reçut de Yaacov.

Le « ישמח משה » nous raconte qu’une nuit, il rêva du verset : « Je vous ai aimés, dit l’Éternel ! Vous répliquez : « De quelle façon nous as-Tu témoigné Ton amour ? » « Essav n’est-il pas le frère de Yaacov ? dit l’Éternel. Or J’ai aimé Yaacov, mais Essav Je l’ai haï… » (מלאכי א, ב)

Voici le sens de ce verset : Hachem dit à Israël : « Je vous ai aimés ». Et Israël répond à l’Éternel : « De quelle façon nous as-Tu témoigné Ton amour ? », ce qui signifie : « Ne sommes-nous pas les enfants de Yaacov qui était entièrement bon ? Nous avons juste naturellement poursuivi son chemin, en pratiquant de bonnes actions. Comment pouvons-nous mériter une quelconque récompense ? » Hachem leur répondit : « Essav n’est-il pas le frère de Yaacov ? », ce qui veut dire : « N’étaient-ils pas des jumeaux dans les entrailles de leur mère, chacun ayant été influencé par le second, chacun possédant en lui aussi bien une part de penchant au bien qu’une part de penchant au mal ? Ainsi vous méritez votre récompense car Yaacov lutta contre la mauvaise influence d’Essav et choisit d’être entièrement bon. Essav quant à lui lutta contre sa part bénéfique et choisit d’être entièrement mauvais ». Ainsi l’Éternel déclare : « Or J’ai aimé Yaacov, mais Essav Je l’ai haï ». (שם)

Le « ישמח משה » ajoute que la transmission des influences respectives eut lieu essentiellement lorsque Yaacov saisit le talon d’Essav. C’est lors de cette « prise » que Yaacov reçut une influence négative de son frère et lui en transmit une positive.

Note : C’est la raison pour laquelle le porc est assimilé à Essav car il a un signe distinctif de pureté, le sabot fendu, faisant référence au talon – les pattes étant seulement les extrémités de son corps extérieur – mais n’a pas le deuxième signe distinctif requis pour être effectivement cacher puisqu’il n’est pas un ruminant – l’appareil digestif étant essentiel sachant que l’ensemble de l’organisme subsiste et se développe par son intermédiaire.

Nous comprenons à présent pourquoi Hachem nomma Yaacov ainsi puisqu’il saisit le talon d’Essav et d’après ce que nous venons d’expliquer, c’est par cet acte qu’il reçut une influence négative qu’il parvint à transformer en bien et mériter l’amour infini de son Créateur.

Nous pouvons relier notre enseignement à la mitsva de nétilat yadaïm instituée par les sages avant de consommer du pain. Une des raisons mentionnées concernant cette mitsva dans le Talmud est que « Les mains sont toujours occupées » ou autrement dit, elles sont constamment susceptibles de se salir. (סוכה כו: – שבת יד.) Or tout ce qui a trait aux plaisirs de ce monde, la nourriture en l’occurrence, a pour essence la nature d’Essav. Il est donc nécessaire de procéder à l’ablution des mains avant de manger afin qu’aucune impureté n’ait d’emprise sur nos mains. C’est ce que Yaacov chercha à éviter en saisissant de sa main le talon d’Essav.

Note : L’ablution des mains – nétilat yadaïm – fut décrétée par nos sages pour plusieurs raisons : la première se rapporte à la manipulation de la térouma que les Cohanim mangeaient. Les sages instituèrent que les Cohanim devaient procéder à l’ablution des mains avant de manger de la térouma afin de ne pas la rendre impure à leur contact. Ce décret fut ensuite également appliqué à tout Israël avant tout repas à base de pain. Bien qu’il n’y ait plus de térouma de nos jours, le décret rabbinique ne fut jamais annulé afin de ne pas perdre cette habitude lors de la reconstruction du troisième temple. Ainsi il est écrit dans le Talmud : « Tout celui qui mange du pain sans faire au préalable l’ablution des mains revient à consommer du pain impur ». (סוטה ד:) Il est également écrit que « la table de l’homme est une réparation », ainsi on devra faire nétilat yadaïm avant de s’asseoir à sa table, comme le faisaient les Cohanim avant d’entamer leur service dans le Temple. (חגיגה כז.) Le Char Tsion ajoute que l’on pratique l’ablution des mains au nom de la sainteté et de la propreté. (סימן קנח סק »ג) De plus, cette loi est une protection contre la pauvreté, comme nos maîtres de mémoire bénie l’enseignent : « Trois agissements amènent l’homme à la pauvreté : celui qui néglige l’ablution des mains, etc. » (שבת סב:) Ainsi tranche le Maran dans le Choul’han Aroukh. (ש »ע או »ח סימן קנח – קסה)

Nous pouvons également relier à cette mitsva celle de tsédaka qui se pratique avec les mains, comme il est écrit : « Tu ne fermeras pas ta main à ton frère l’indigent car ouvrir tu lui ouvriras ta main… donner, tu lui donneras… » (דברים טו, ז – ח – י) Rachi précise que l’on doit donner même 100 fois si nécessaire. La principale raison à la tsédaka figure explicitement à la fin de notre verset : « Et ton cœur ne sera pas mauvais quand tu lui donneras » (שם) – c’est-à-dire qu’en procédant à un acte de charité avec notre main, nous annulons la souillure négative que Yaacov reçut au moment où il saisit le talon d’Essav de sa main. C’est le sens de la suite de notre verset : « Pour cela, l’Éternel ton D.ieu te bénira » (שם) – par cet acte, nos mains seront sanctifiées et toutes les forces du mal annulées.

Note : Lorsque l’on pratique une mitsva, quelle qu’elle soit, on doit toujours avoir l’intention de réaliser avant tout la volonté divine. Il faut penser simplement à réaliser un commandement du Créateur du monde en écartant toute pensée personnelle subjective. Le Ari Zal nous enseigne qu’il est possible d’avoir principalement deux kavanot lors de la mitsva de tsédaka Il est bon de donner trois proutot à la tsédaka tous les matins. La première kavana se met en pratique ainsi : on insèrera les deux premières pièces dans la koupa de tsédaka en même temps puis ensuite la troisième. L’acte de donner de l’argent à la tsédaka contient le Nom divin par allusion. L’argent représente la lettre youd = י du Nom Hakadoch הוי’ה, les cinq doigts de la main correspondent à la première lettre hé = ה du Nom divin, le bras que l’on tend fait référence à la lettre vav = ו, la main qui recevra l’argent (ou la koupa) représente la dernière lettre hé = ה. La deuxième kavana se met en pratique comme ceci : nous devons penser que les deux premières pièces représentent le côté de la rigueur et du din et lorsque l’on donnera la troisième pièce, on pensera à inverser la rigueur en bonté et en ‘hessed par le Nom de l’Éternel = הוי’ה.

À présent nous pouvons comprendre pourquoi l’Éternel nous ordonna de mettre les téfiline de la main précisément sur le bras gauche et non sur le bras droit. Puisque Yaacov notre patriarche saisit le talon d’Essav avec sa main gauche, comme il est écrit : « Et après cela sortit son frère, et sa main tenait le talon d’Essav ». (בראשית כה, כו) Comme nous l’avons rapporté précédemment, le Talmud statua que lorsque l’Écriture mentionne la main sans préciser laquelle, nous pouvons déduire qu’il s’agit de la main gauche. Ainsi l’Éternel nous ordonna de mettre les téfiline sur la main gauche afin de nous purifier de l’emprise de la part négative que Yaacov notre patriarche contracta de son frère. Nous mériterons ainsi d’affaiblir le mauvais penchant de notre cœur, d’où l’orientation des téfiline en direction du cœur, comme le trancha le Maran dans le Choul’han Aroukh. (ש »ע או »ח כז, א)

D’après ce que nous venons d’enseigner, il est plus aisé de comprendre les paroles du Ari Zal expliquant que nous devons enrouler les lanières des téfiline 7 fois autour du bras gauche. (שער הכוונות דרוש ה דתפילין)

Note : Que ce soit dans le Talmud ou dans les décisionnaires, il n’est nulle part fait mention du nombre de tours que l’on doit faire autour du bras. Rav Ovadia Yossef explique que de nos jours, nous avons la coutume de nous comporter d’après la Kabbale et les paroles du Ari Zal. On commencera donc par attacher les téfiline sur le bras gauche en cachant son bras avec le talit, ensuite on effectuera 7 tours complets autour du bras avec la lanière. Enfin, on posera les téfiline de la tête. (ילק »י סימן כה ס »ק עו – שער הכוונות דרוש ה דתפילין)

Une fois de retour de chez Lavan, « Yaacov leva les yeux et vit, voici qu’Essav arrivait, avec lui 400 hommes… Il passa devant eux et se prosterna à terre 7 fois jusqu’à ce qu’il parvienne à son frère ». (בראשית לג, ז)

Le Zohar hakadoch demande : « Comment Yaacov notre patriarche put-il se prosterner devant son frère Essav et transgresser le commandement « Tu ne te prosternas pas devant un autre dieu car l’Éternel, jaloux est Son Nom » ? » (שמות לד, יד) De plus, en tant que fondement de la kédoucha et du peuple d’Israël, est-il possible que Yaacov notre patriarche se soit prosterné devant Essav, l’essence de la touma et des peuples du monde ? Qui plus est, il ne se prosterna pas qu’une seule fois mais sept fois…

Le Zohar hakadoch répond qu’en réalité, Yaacov ne se prosterna pas devant Essav mais devant la sainteté de la Présence divine Qui passa à ce moment-là, comme il est écrit dans le verset :

« וְהוּא עָבַר לִפְנֵיהֶם »

« Il passa devant eux ». (בראשית לג, ג) Le Zohar demande quel est le sens du mot « הוא » = « Il » ? Il répond que ce terme fait référence à la Chékhina. Seul le regard de l’être humain peut être induit en erreur. Il semble que Yaacov se prosterna devant Essav, cependant la réalité était toute autre. (זוהר וישלח דף קעא)

Mais pourquoi s’être prosterné à sept reprises ?

Nous pouvons trouver une réponse dans le livre « מגלה עמוקות » qui explique que lorsque nous effectuons 7 tours complets avec la lanière des téfiline sur notre bras gauche, nous désirons atteindre le même objectif que Yaacov notre patriarche cherchait à atteindre en se prosternant à 7 reprises devant le Créateur du monde : soumettre les 7 forces d’impureté d’Essav son frère l’impie.

À l’appui de ces enseignements, le « מגלה עמוקות » explique un passage du Talmud : « Abayé entendit que Rav A’ha bar Yaacov venait étudier chez lui. Un certain démon hantait la maison d’étude de la yéchiva d’Abayé. Il était si dangereux que même lorsque les gens se rendaient à la maison d’étude à deux Note 1, même en plein jour, ils se faisaient agresser. Abayé dit à ses élèves : « Que personne n’invite Rabbi A’ha bar Yaacov chez lui pour la nuit afin qu’il soit forcé de passer la nuit dans la maison d’étude. Il est possible que par le mérite de sa piété exceptionnelle, un miracle se produise, et que le démon soit éliminé ». Ainsi Rabbi A’ha bar Yaacov vint passer la nuit dans cette maison d’étude, où le démon lui apparut sous la forme d’un serpent à sept têtes. Rabbi A’ha bar Yaacov commença à prier pour sa destruction. À chaque fois qu’il se prosternait dans sa prière, une tête du serpent tombait. Le lendemain, Rabbi A’ha bar Yaacov dit à Abayé et à ses élèves : « Si un miracle n’était pas survenu, vous m’auriez mis en danger ! » » (קידושין כט:) Note 2

Note 1 : Le fait de marcher en compagnie d’une autre personne est un moyen de protection contre les démons. (ברכות ז.)

Note 2 : Lorsqu’Abayé dit : « Il est possible qu’un miracle se produise », il semblerait qu’il ne fut pas certain que Rav A’ha s’en sorte. Dans ce cas, comment put-il mettre Rav A’ha en danger ? Même si un miracle se produit, cela fait perdre des mérites au bénéficiaire. Comment donc comprendre le risque que prit Abayé ? Le Maharchal répond qu’Abayé n’avait aucun doute à propos de Rav A’ha. Il savait qu’il bénéficierait d’un miracle qui le préserverait. Il hésitait seulement à savoir s’il bénéficierait d’un miracle dévoilé suite auquel le démon serait tué, ou bien s’il bénéficierait d’un miracle caché qui l’épargnerait mais n’éliminerait pas forcément le démon. C’est justement le sens de la réponse de Rav A’ha dans sa grande humilité : « Tu n’aurais pas dû compter sur moi pour que se produise un miracle et ce, quand bien même il serait caché ». (המהרש »ל ד »ה אפשר) Le Maharcha explique qu’à chaque fois que Rav A’ha se prosternait durant la amida, une tête de serpent tombait : deux fois durant la bénédiction sur les patriarches, deux fois durant la bénédiction modim, et trois fois à la fin de la prière dans ossé chalom. Il s’appuie sur le texte du Talmud suivant : « Sept ans après le décès, la colonne vertébrale du défunt devient un serpent. Cet enseignement est valable uniquement pour celui qui ne se prosterne pas dans la prière lorsqu’il récite modim ». (בבא קמא טז.) C’est-à-dire qu’on doit incliner la partie supérieure de son corps vers l’avant. (ברכות לד.) Ainsi Rav A’ha s’inclina à 7 reprises, comme le prescrit la halakha, et éradiqua les forces néfastes du serpent. (המהרש »א ד »ה אפשר)

Le « מגלה עמוקות » explique : « Sache que la klipa d’Essav est identique à celle du yetser hara. Essav est l’incarnation de ce dernier et contient 7 forces d’impureté ». On trouve une allusion aux 7 forces d’impureté du mauvais penchant dans le Talmud, comme il est écrit : « Le mauvais penchant a 7 noms : Raa, Arel, Tamé, Soné, Mikhchol, Even, Tséfoni ». (סוכה נב. – זוהר בראשית יח.) C’est la raison pour laquelle, à l’époque de Yéhochoua, lorsque le peuple d’Israël vint conquérir Jéricho, il effectua7 fois le tour des murailles pour y soumettre le mauvais penchant. C’est pour cette raison que Yaacov se prosterna 7 fois devant l’Éternel avant de rencontrer Essav. C’est également le cas de Rav A’ha bar Yaacov qui tua le démon à 7 têtes en priant et en se prosternant à 7 reprises devant Hachem. C’est de Yaacov avinou que Rav A’ha bar Yaacov puisa la force d’agir ainsi et c’est la raison pour laquelle il est appelé « Rav A’ha fils de Yaacov ». On lui applique le verset « Car à sept reprises le juste tombe et se relève » (משלי כד, טז) – par 7 fois, il « tomba à terre » et se releva. Et à chaque fois, une des 7 têtes du démon tombait.

Note : Les kabbalistes ont l’habitude de tourner 7 fois autour de la téva avant la prière du matin, ainsi qu’autour de leur table de chabbat avant de commencer le kidouch. Le sens de ces 7 tours fait référence aux 7 lumières encerclant l’homme. Aussi, le jour de sim’ha Torah, nous tournons 7 fois autour de la téva avec le séfer Torah dans nos mains.

Il nous reste à présent à comprendre pourquoi nous devons mettre les téfiline du bras avant celles de la tête ?

Il est rapporté dans le Talmud : « Ainsi Hakadoch Baroukh Hou dit à Israël : « Mes enfants ! J’ai créé le mauvais penchant et Je lui ai créé la Torah comme antidote, et si vous vous adonnez à l’étude de la Torah, vous ne serez pas livrés entre ses mains ». (קידושין ל:) Acquérir la sagesse de la Torah passe essentiellement par l’intellect car c’est par le cerveau que l’homme peut connaître et comprendre la Torah. L’Éternel nous ordonna donc de mettre les téfiline de la tête tout près du cerveau.

Il existe quatre approches différentes d’étude de la Torah que l’on nomme « Pardess » = פרדס, initiales des termes :

Pchat = פשט (le sens littéral)

Rémez = רמז (l’allusion)

Drach = דרש (la recherche)

Sod = סוד (le secret)

Hachem nous ordonna de confectionner les téfiline de la tête avec quatre compartiments, allusion aux quatre parties du Pardess =פרדס contenues dans la sagesse de la Torah.

D’après cela, nous comprenons pourquoi Hachem nous ordonna de mettre d’abord les téfiline du bras puis ensuite celles de la tête. Tant que l’homme n’a pas retiré les souillures inscrites dans son cœur, il n’aura pas la force de s’adonner pleinement à l’étude de la Torah. Comme on le lit dans les Téhilim : « Éloigne-toi du mal » et seulement ensuite : « …et fait le bien ». (תהילים לד, טו)

Ainsi on placera tout d’abord les téfiline du bras gauche pour commencer, orientées vers le cœur, en enroulant la lanière 7 tours complets afin de soumettre les forces du mauvais penchant que Yaacov notre patriarche reçut d’Essav l’impie. Et seulement ensuite, il sera possible de mettre les téfiline de la tête qui contiennent 4 compartiments correspondant aux 4 approches fondamentales de l’étude de la Torah.