Voici venir le merveilleux jour de Pourim. C’est avec grande joie que nous allons étudier ensemble le grand miracle que le Saint bénit soit-Il a fait pour nous. C’est un miracle qui s’est tramé pendant une longue période avec des successions d’événements qui n’ont rien de surnaturels quand ils sont analysés un par un.

Ce fondement de la Emouna a été expliqué par le Ramban* dans ces commentaires sur plusieurs versets de la Bible. Prenons par exemple, les 10 plaies d’Egypte. Dans la Paracha Vaéra (8-18) il est écrit : “Afin que tu saches que moi, Hachem, Je suis au milieu de la terre” ce qui veut dire que le Saint bénit soit-Il nous surveille et nous protège en agissant dans la nature.

Na’hmanides nous explique que grâce aux grands miracles surnaturels qui on eut lieu en Égypte, on en viendra tôt ou tard à reconnaître les miracles cachés de notre quotidien. Dans les cycles de la nature, le soleil chauffe, l’eau coule, les députés sont élus à la Knesset, le salaire tombe chaque mois… Dans ce processus, le Maître du Monde tire toutes les ficelles, c’est ainsi que se font les miracles cachés. Les miracles des récompenses et ceux des punitions, ou les miracles de la terre qui protègent ceux qui ont foi en elle, et tout cela sans qu’on ne le voit.

Avec les 10 plaies, D.ieu a voulu apprendre au monde qu’Il est “au milieu de la terre”. On doit s’en rappeler à chaque fois qu’on rencontre quelqu’un dans la rue, on doit dire : “c’est grâce à D.ieu” ; si on oublie quelque chose en sortant de la maison et qu’on est obligé de retourner sur nos pas : “c’est D.ieu qui a voulu que nous revenions dire à nouveau Chalom à notre famille…” Il ne faut surtout pas dire : “c’est arrivé par hasard” mais plutôt, “c’est D.ieu qui l’a voulu ainsi”.

Dans son commentaire sur la Méguilat Esther, le Gaon de Vilna** a expliqué ce qu’il y a de si spécial dans le miracle de Pourim. Après la destruction du premier Temple, et après que le Peuple d’Israël ait été à nouveau envoyé errer en Galouth on a cru que les relations avec le Tout Puissant qui existaient pendant le Beth Hamikdach ont été amoindries du fait de l’éloignement de la Terre Sainte. De si loin (l’Irak d’aujourd’hui) on ne pouvait plus espérer un miracle aussi merveilleux. Nous apprenons du miracle de Pourim que même en Galouth, parmi les nations du monde, D.ieu est proche de nous, nous aide et nous montre son affection. Même si c’est de façon cachée, Il est avec nous. Nous devons y penser constamment.

Ceux qui font des kilomètres pour écouter un cours de Thora, ou pour étudier dans un Beth Hamidrach ont certainement une aide et une protection divine particulière. Tout ce qu’ils apprendront fait parti d’un plan divin pour ces personnes et pour ce même jour. Pourquoi le maître s’est-il arrêté pour approfondir ce sujet particulier, pourquoi le ‘Havrouta s’est-il entêté dans son raisonnement. Il y a même une intervention divine pour que l’on ne comprenne pas un certain sujet afin que l’on fasse un effort supplémentaire ou alors pour que l’on pose une question.

Ainsi dans notre quartier de Ramot א, dans la ville sainte de Jérusalem, nous nous réunissons deux heures avant l’aube, pour étudier avec entrain et gagner notre petite partie de Thora qui nous est destinée personnellement. Que c’est beau de voir comment chacun de nous apporte sa petite contribution au plan divin globale de cette nuit d’étude. Une symphonie spirituelle qui nous fait graver l’amour de Hachem dans le cœur.

Que nous puissions tous mériter d’étu­dier la Thora par amour, comme à l’épo­que de la Méguilat Esther où ils ont reçu la Thora par amour grâce au miracle de Pourim (Rachi, Chabbat 88.).

Rav Yaakov Fields Chlita
Un élève du Kollel Beth Chelomo
Page traduite de l’hébreu par Aharon Nedjar.

*Ramban ou Rabbi Moshé ben Na’hman ou encore Na’hmanides, philosophe, kabbaliste, médecin, né à Girona (entre Barcelone et Perpignan) en 1194 et mort en Israël en 1270. **Gaon de Vilna : Eliyahou ben Chlomo Zalman connu aussi sous le nom de HaGra – 1720-1797